Les trois "pietas" de Michel-Ange sont réunies pour la première fois dans l'histoire

Les trois "pietas" de Michel-Ange sont réunies pour la première fois dans l'histoire

Jean Dubreil | 24 févr. 2022 3 minutes de lecture 0 commentaires
 

La 'Pieta' de Michel-Ange est considérée comme l'une des plus belles représentations du deuil maternel au monde. La "Bandini" original sera exposé au musée toscan, aux côtés de moulages de "Pietas" et "Rondanini" des musées du Vatican.

Elle est considérée comme l'une des plus belles représentations au monde du deuil maternel. Cependant, la "Pieta" de Michel-Ange a éclipsé deux autres sculptures fascinantes du maître de la Renaissance sur le même thème. C'est pourquoi le musée Opera del Duomo de Florence, en Italie, expose pour la première fois les trois représentations de la Vierge Marie en deuil sur le corps de son fils Jésus-Christ. L'original du "Bandini" sera exposé jeudi au musée toscan, aux côtés des moulages de la "Pieta" et du "Rondanini" des musées du Vatican.

Ces variations, qui marquent différentes phases de la vie de l'artiste, mort en 1564 à l'âge de 88 ans, sont placées face à face dans un cadre intime. Timothy Verdon, directeur du musée, a décrit cette exposition comme une occasion unique "d'observer la maturité intellectuelle de Michel-Ange sur la question du sacré." L'exposition, qui sera présentée jusqu'au 1er août, "met en lumière le lien entre la vie et l'art chez ce sculpteur religieux, qui a passé la majeure partie de sa carrière au service des papes."

La "Pieta" du Vatican, que Michel-Ange a exécutée de main de maître alors qu'il n'avait que 25 ans, a stupéfié ses contemporains, qui étaient ébahis par la beauté de cette vierge vêtue de draperies démesurées.

L'artiste a balayé les plaintes selon lesquelles sa Marie était trop jeune, affirmant que la pureté était ce qui rendait les femmes belles. Dans une allusion à l'imminence de la résurrection, Marie berce son fils de 33 ans, dont le visage calme suggère qu'il pourrait presque être en train de dormir, un clin d'œil à la résurrection de Jésus du tombeau dans la croyance chrétienne. En 1972, un assaillant hongrois armé d'un marteau a endommagé cette sculpture, qui a depuis été reconstruite et est désormais protégée par une vitre pare-balles.

Michel-Ange, mécontent de sa deuxième Pieta, la "Bandini", l'avait attaquée au marteau des siècles auparavant, provoquant des marques sur l'épaule de Jésus et la main de Marie qui sont encore visibles aujourd'hui. Cette version a été créée alors que l'artiste, qui avait 72 ans à l'époque, était déprimé. Convaincu que la mort était proche, Michel-Ange a fait vœu de pauvreté et a fait de la religion le centre de son existence. Il prête ses propres traits et sa barbe à Nicodème, le seigneur des "Bandini", qui protège Jésus, Marie-Madeleine et Marie, qui a perdu sa beauté intemporelle d'antan.

Le "Rondanini" est sans aucun doute le plus surprenant : d'une modernité saisissante, cette sculpture dépouillée, d'environ deux mètres de haut, a été commencée vers 1552, alors que l'artiste avait environ 80 ans. Elle a été découverte dans sa résidence de Rome, où il a vécu jusqu'à sa mort.

La comparaison des trois pièces "permet de mesurer la progression du style de Michel-Ange tout au long des 50 ans qui séparent la première pieta des deux autres, ainsi que le changement encore plus sévère et frappant entre les deux dernières", selon M. Verdon. La dernière pieta semble inachevée et en décalage avec les canons esthétiques de l'époque, mais les spécialistes l'interprètent comme un message de foi et la nécessité de regarder au-delà du superficiel vers le fondamental. La luxuriante draperie a disparu, tout comme les personnages qui l'accompagnaient.

Marie et son fils, dont les traits et les corps ont été réduits à l'état de dessins, sont à nouveau représentés seuls dans une extrême simplicité qui souligne la grandeur spirituelle de l'œuvre finale de Michelangelo Buonarroti.

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