À Tbilissi, en Géorgie, dans la cathédrale Holy Trinity, un tableau est devenu le centre d’une importante controverse. Cette œuvre d'art représente Sainte Matrone de Moscou, une sainte orthodoxe russe vénérée connue pour ses capacités visionnaires et curatives, bénissant Joseph Staline, le célèbre dictateur soviétique. Staline, né en Géorgie, est un personnage controversé en raison de son rôle dans la mort de millions de personnes sous son régime.
Cette icône a alimenté une division croissante au sein de la société géorgienne, en particulier entre les fondamentalistes de droite et les partisans du parti au pouvoir, le Rêve géorgien, et ceux qui prônent des liens plus étroits avec l’Europe. La polémique s'est intensifiée le 9 janvier lorsque l'icône, protégée derrière une vitre, a été dégradée avec de la peinture bleue. La question a attiré l’attention après qu’un prêtre dissident l’ait soulignée sur les réseaux sociaux le 6 janvier, la veille de Noël orthodoxe.
La situation s'est aggravée lorsque des membres d'Alt Info, un mouvement d'extrême droite connu pour s'opposer aux droits LGBTQ+, ont manifesté devant le domicile de Nata Peradze, une militante qui a avoué le vandalisme et qui fait campagne pour le retrait de l'icône. La police géorgienne considère cet incident comme un acte mineur de hooliganisme.
L’histoire de Joseph Staline, né Iosif Dzhugashvili à Gori, en Géorgie, en 1879, ajoute de la complexité à cette controverse. Le parcours de Staline vers le pouvoir a commencé dans un séminaire orthodoxe de Tbilissi, aujourd'hui musée d'art.
Sainte Matrone de Moscou, représentée dans le tableau, était une femme aveugle décédée en 1952 et devenue largement vénérée dans les années 1990, ses reliques attirant une dévotion massive à Moscou. Les légendes suggèrent que Staline l'a consultée pendant la Seconde Guerre mondiale, lorsque Moscou était menacée par les nazis.
Un tableau similaire à Saint-Pétersbourg, en Russie, représentant également Matrona et Staline, a provoqué un scandale en 2008 et a ensuite été retiré. L'Église orthodoxe géorgienne a publié des déclarations contradictoires sur le tableau de Tbilissi, qui a été nettoyé et déplacé vers un endroit plus visible de la cathédrale.
La controverse en cours a été encore alimentée par le parti politique géorgien pro-russe, l'Alliance des Patriotes, qui a affirmé avoir fait don de l'icône à la cathédrale. Leur comparaison de Staline dans l'icône à l'empereur romain Dioclétien dans les représentations de Saint Georges terrassant le dragon complique encore le récit.
L'incident a donné lieu à divers mèmes et réactions du public, dont celui mettant en vedette John Travolta de Pulp Fiction à la place de Staline avec Sainte Matrone, reflétant les réponses diverses et souvent satiriques à cette question controversée.