Points clés
Première Africaine à diriger la Biennale de Venise
Visionnaire d’un art panafricain décolonial
Projets inachevés pour la Biennale 2026
Mentore influente et réformatrice muséale
Son décès marque une perte majeure pour le monde de l’art
Le monde de l’art pleure la disparition soudaine de Koyo Kouoh, curatrice visionnaire d’origine camerounaise et suissesse d’adoption, dont l’approche audacieuse a profondément redéfini les récits culturels contemporains. Décédée à 57 ans, elle laisse inachevée une exposition très attendue pour l’édition 2026 de la Biennale de Venise, qu’elle devait diriger.
Une pionnière historique
Kouoh avait marqué l’histoire en devenant la première commissaire d’origine africaine à être nommée à la tête de l’exposition centrale de la Biennale de Venise — un tournant majeur dans l’évolution des institutions artistiques mondiales vers plus de diversité et d’inclusion. Sa pratique curatoriale unissait la rigueur européenne aux traditions narratives de l’Afrique de l’Ouest, créant des plateformes inédites pour les artistes issus de régions historiquement marginalisées.
Son décès, confirmé le 10 mai 2025, fait suite à une lutte privée contre le cancer. Elle se serait effondrée en pleine préparation finale de l’exposition. La Biennale a annoncé que l’édition 2026 serait maintenue et entièrement dédiée à son héritage intellectuel et artistique — une première dans les 130 ans d’histoire de l’événement.
Une architecte culturelle radicale
En tant que directrice exécutive du Zeitz Museum of Contemporary Art Africa (MOCAA) au Cap, Kouoh a propulsé l’institution au rang de référence mondiale pour l’art panafricain. Sous sa direction, la fréquentation annuelle a augmenté de 40 % et les acquisitions d’œuvres par des artistes femmes ont progressé de 60 %. Des expositions phares comme When We See Us (2022) ont déconstruit les récits coloniaux en valorisant la représentation joyeuse, libre et affirmée de l’identité noire.
Sa philosophie — qu’elle appelait "archéologie institutionnelle" — consistait à dévoiler et déconstruire les structures coloniales présentes dans les musées. Avec l’initiative Dig Where You Stand, présentée à la Carnegie International, elle a promu la connaissance locale comme priorité curatoriale mondiale.
Un héritage de transmission et de réformes
Au-delà de son génie curatorial, Kouoh était une mentore engagée. Son programme de formation RAW Académie a permis à plus de 80 jeunes commissaires de percer sur la scène internationale. Plusieurs occupent aujourd’hui des postes de direction, notamment au Tate Modern à Londres ou au Musée Sursock à Beyrouth. Son legs inclut aussi des réformes structurelles — de l’évolution des critères d’acquisition à la mise en place de bourses dédiées à l’histoire de l’art postcoloniale.
Réactions et impact immédiat
À l’annonce de sa disparition :
Le Zeitz MOCAA a fermé ses portes pendant trois jours de deuil.
Le KW Institute de Berlin a illuminé sa façade aux couleurs du Cameroun.
Plus de 280 000 publications ont été partagées avec le hashtag #KouohLegacy.
Liberation Films a annulé tous ses événements presse du 10 mai, qualifiant Kouoh de "boussole du mouvement de décolonisation curatoriale".
La Biennale a confirmé que le thème de l’exposition 2026, centré sur les géographies noires, sera conservé. Il explore les identités spatiales de la diaspora à travers des installations physiques, des archives et des technologies immersives.
Une vision inachevée
La mort de Kouoh rappelle celle d’Okwui Enwezor en 2019 — un autre géant de la curatelle africaine. Contrairement à Enwezor, Kouoh préférait une approche collaborative et évolutive, laissant peu de directives écrites. Cela rend complexe la continuité de son projet, d’autant plus qu’aucun plan officiel de succession n’avait été établi.
Des figures comme Mariam Diallo ou Simon Njami, proches collaborateur·rice·s, sont évoquées pour reprendre le flambeau. Mais pour beaucoup, son absence ne se résume pas à un vide organisationnel — c’est un véritable effondrement philosophique.
"Nous ne poursuivons pas seulement sa Biennale — nous tentons de prolonger toute une vision du monde", a confié un membre du comité.
FAQ
Qui était Koyo Kouoh ?
Une curatrice camerounaise-suisse reconnue pour ses expositions pionnières centrées sur l’art africain et diasporique.
Quel était son rôle à la Biennale de Venise ?
Elle était la commissaire principale de l’exposition centrale prévue pour 2026, devenant la première Africaine à occuper ce poste.
Comment est-elle décédée ?
Elle est décédée le 10 mai 2025 des suites d’un cancer, lors des préparatifs de la Biennale.
Son projet pour 2026 sera-t-il maintenu ?
Oui, la Biennale a confirmé qu’elle honorera sa vision en poursuivant avec son cadre thématique posthume.
Quel est son héritage ?
Une approche curatoriale radicale, des programmes de mentorat influents, et une transformation des institutions muséales africaines comme le Zeitz MOCAA.