Igor Gaignault

L'oeuvre d'Igor Gaignault traite de la thématique de la limite. Le concept de la limite, si naturel dans le monde grec (le paysage et l'architecture) et dans l'analyse de Heidegger sur l'espace est ici mis en rapport avec le fond dans un jeu dialectique sur le plan tridimensionnel. La limite est ici le véritable protagoniste de l'espace. Igor Gaignault cultive ce travail de rythmes, d'enchaînement, de césures et de ramifications comme un double exercice de méditation sur le plan de l'expérimentation dans l'espace.

Son travail, qui est le fruit de sa spontanéité créative se caractérise par le surgissement de traits dynamiques et gestuels qui sont autant de traces de la puissance cosmogonique des origines. Ses objets sont très épurés mais la simple géométrie apparente est le contraire du hasard car ils supposent un ordre certain.

Dans son analyse du plan de l'espace tri-dimensionnel Igor Gaignault confère à ses oeuvres un caractère objectif et rationaliste. Cependant, il faut ajouter à cette objectivité une certaine charge expressive par le graphisme directionnel et dynamique. Le caractère linéaire de son travail qui est le fruit de son mode de production, intuitif et chargé de vitalisme, délimite des espaces où les formes qui sont à la recherche d'elles-mêmes se rapprochent ou s'éloignent en quête d'harmonie. Aucune loi ne peut présider à ses mouvements qui créent une rythmique, à la manière d'un jeu de pleins et de vides, de temps forts et de temps atones.

Igor Gaignault nous offre des dialogues de ses lignes de force tendues qui, néanmoins, avancent, tremblantes, comme les lignes d'énergie du corps humain. Ce qui est toujours présent dans son oeuvre, qui se trouve être la traduction d'un langage rituel, c'est l'homme avec son énergie et sa sérénité en train de s'organiser et d'occuper l'espace.


Jean François Larralde
professeur d'histoire de l'art



Igor Gaignault est né à Paris en 1958, année à partir de laquelle des œuvres de Kandinsky, Magnelli, Herbin, Kupka, constituent une partie de son univers visuel.

Au cours des années 80, il crée des objets constitués de différents matériaux et, en 1990, il découvre la feuille d’ardoise et commence à créer des objets en utilisant ce minéral noble et paradoxal: froid et chaleureux, résistant et délitescent, sombre et lumineux -grâce à la pyrite, la pierre de feu et l’or des fous.

Son travail est résolument contemporain, dans un formalisme abstrait.

il définit la notion de « lithologue » et crée des objets permettant à la pierre de révéler un alphabet, un langage, reprenant en cela une pensée exprimée par Roger Caillois in « Pierres réfléchies » : « La pierre, située dans l’univers aux antipodes de l’homme, parle peut-être le langage le plus persuasif ».

Il allie à son matériau de prédilection, le verre, la dorure à l'argent, à l'or et au cuivre, l'étain fondu, la toile, le papier et l'encre, l'écorce de chêne-liège...

« Créateur d’objets » lui apparaît comme éta...

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