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Francis Denis

Retour à la liste Ajouté le 23 mai 2016

Chronique litteraire par Patrick CINTAS

Chronique par Patrick Cintas ( RAL,M, revue d'art et de littérature, musique )
" La Une de la semaine "
Où l'on parle des Saisons de Mauve... et du Château des Dieux...

L’écriture est minimaliste, fluide, clairement narrative. Les personnages sont observés de passage ou ils racontent, ce qui les approche de leur profondeur. Autrement dit, Francis Denis met en œuvre les principes mêmes de la nouvelle. Le cadre est toujours tracé nettement, jamais dans le flou. Le temps que Francis Denis y enferme se laisse percer en de certains endroits qu’on dirait à la fois moralistes et certainement esthétiques. Précaution qui ajoute à l’art de la nouvelle les promesses, semble-t-il, d’un roman.

Soixante-dix et quelques nouvelles composent ces deux recueils : cinq cents pages au total, qui témoignent que leur auteur n’est pas avare ni impuissant.

La poésie m’a paru faire office d’hôtesse, Nausicaa à l’écoute des récits où un monde s’écroule et renaît. Chaque page en contient. Des vers non pas égarés dans le flux narratif : ils ont leur rôle à jouer, affectant le récit à la manière des rehauts qui achèvent le tableau et donnent tout leur sens aux glacis plus savants encore.

Ces nouvelles sont clairement l’œuvre d’un artiste.

D’observation en déduction, Francis Denis s’aventure à raconter des histoires toutes tournées vers les conclusions d’une philosophie de l’existence.

Les personnages qui portent ce poids sont condamnés à aller au bout de leur destinée (beau pléonasme) ou à faiblir (perdre leur humanité, dit l’auteur) s’ils tentent de rebrousser chemin ou simplement de s’arrêter.

Que vaut un homme ? Que vaut-il parmi les hommes ?

Ô saisons, ô châteaux !

« Ce sont les pierres qui pleurent les morts, » est-il écrit, « … (plus loin) il n’y a pas de plus beau spectacle que de la voir ainsi. » Il m’a semblé que tout l’art de Francis Denis tient dans cette faculté de voir les deux faces du miroir où l’homme qui s’observe traverse sa propre image pour trouver une raison de continuer d’exister.

Soixante-dix nouvelles, c’est beaucoup. La mémoire du lecteur en retiendra quelques-unes de très bonnes, et de fort bien écrites, son cœur se souviendra mieux de quelques saillies philosophiques et son esprit reviendra sans doute à cet auteur qui nous promet un troisième volume.

Les « chemins de Mauve », croissant comme des branches, n’ont pas fini de traverser nos saisons.

Patrick Cintas
Mai 2016

 

Artmajeur

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