Revolvere (2014) Arts numériques par Cœur

Pas à Vendre
Certificat d'authenticité inclus
Cette oeuvre apparaît dans 3 collections
  • Œuvre d'art originale Arts numériques, Autre sur Toile
  • Dimensions Hauteur 157,5in, Largeur 157,5in
  • Catégories Arts numériques à partir de 20 000 $US Illustration
Revolvere c’est le premier dessin en noir et blanc que j’ai poussé aussi loin, je voulais concentrer l’effort sur la ligne avant toute chose et multiplier les symboles et les axes de lectures. A ce moment-là j’étais fatigué par la couleur et l’excès de détail, mon approche devenait totalement névrotique, les tensions qui s’agitaient en moi à propos[...]
Revolvere c’est le premier dessin en noir et blanc que j’ai poussé aussi loin, je voulais concentrer l’effort sur la ligne avant toute chose et multiplier les symboles et les axes de lectures. A ce moment-là j’étais fatigué par la couleur et l’excès de détail, mon approche devenait totalement névrotique, les tensions qui s’agitaient en moi à propos du dessin me rendaient malheureux, je ne parvenais plus à retrouver de plaisir, il m’a donc fallu faire une révolution ou plutôt un retour à ce que j’aimais.


QUESTIONNEMENT SUR LE CONCEPT DE REVOLUTION :

Revolvere est le titre que j’ai choisi pour ce dessin, ce terme latin est une des bases étymologiques du terme révolution, « rouler (quelque chose) en arrière; imprimer un mouvement circulaire à faire revenir (quelque chose) à un point de son cycle ».
Une révolution au sens social du terme est un renversement brusque d’un régime politique par la force, hors si l’on considère la signification étymologique du terme, il s’agit en fait plutôt d’un retour en arrière, une sorte d’ultime sursaut ramenant au système primordial, le terme choisi devient subitement assez confus voir ironique.


Peut-on alors dire que les choses reviennent simplement à un état premier plutôt que de générer un nouvel ordre ?

D’un certain point de vue, oui. On peut considérer que la révolution est en effet une folie passagère et violente qui n’aura pas d’autres résultats que d’amener un nouvel état qui se révèlera n’être rien d’autre que l’état premier que nous connaissions.

Voilà le point de vue rationaliste, celui qui explique tout ce qui est inexplicable par la psychose, la folie, les pathologies des individus et des foules. Comfortable mais incomplet, il conduit aussi au cynisme et au désœuvrement. La vérité selon moi est que ce point de vue est vrai et faux, tout cela en même temps comme pour toutes choses, car le déroulement des événements comporte toujours une part inconsciente, un sens qui nous dépasse.

Revolvere, c’est une sorte de mouvement paradoxal amenant la permanence dans une volonté farouche de mutation. L’impermanence du monde conduisant à l’éternel recommencement. On peut alors se dire que tout en ce monde fonctionne ainsi à travers des cycles, des vagues, des échos, des vibrations. Alors en quoi le principe de révolution marque quelque chose d’anormal, de notable dans un océan de linéarité oscillatoire.

C’est très simple, c’est à travers sa puissance. La révolution est un état de tempête, un climax, une fièvre ultime, un point maximal sur la courbe sinusoïdale. Une conjoncture amenant les forces naturelles d’un nouveau cycle au niveau le plus élevé.


SCHEMA MENTAL DU REVOLUTIONNAIRE :

Toute révolution requiert une volonté féroce au-delà des comportements logiques et «normaux». La Clé est dans la capacité à «tenir le coup», supporter la tension extrême, l’art ne respecte que la puissance, l’artiste ultime doit être habité «d’une force brutale élémentaire quasi démoniaque». Dans la vie tout est question de détermination, vous voulez faire quelque chose qui sorte de la norme, il vous faut alors vous entraînez sans relâche, vous malmenez, rendre naturel ce qui était autrefois impossible. La rigueur et la discipline sont les armes visibles, les manifestations de votre dévouement.


Mais la source originelle, la source cachée est psycho-sexuelle, l’artiste se fixe sur la phase de la sublimation et elle devient une obsession. Pour supporter le fracas continuel qu’impose la recherche du sublime, il faut s’armer d’un amour propre inconditionnel, échec, désespoir, déstructuration mentale, humiliation, on chute, on se relève. Le cœur est retourné, malmené, meurtri, s’il supporte tout, il devient un muscle, un outil surpuissant hurlant ses vibrations.

Ceci étant dit, passons désormais à l’image, mon but dans cette image était de laisser vibrer toute la démesure ostentatoire, tous les désirs de puissances qui habitent parfois mon cœur dans ma volonté artistique.


LES LIGNES DE FORCES :


Pour ce qui est de la composition on peut voir sur cette image les différentes lignes de forces, des lignes ascendantes verticales symbolisant le désir, l’élévation, les lignes verticales marquent une limite, alors que les lignes circulaires marquent la circulation, le mouvement, les vagues. Sous l’arche au contraire ce sont des lignes verticales descendantes.
A gauche, on voit encore une fois des lignes classiques verticales, stables.
A droite, par contre les lignes sont quant à elles contrariées.

LES RYTHMES


Pour ce qui est de cette image, j’ai mis trois couleurs
Le bleu est pour l’élément unique.
Le jaune pour les paires.
Le rouge pour les trios.
L’image s’appuie sur des mouvements binaires et ternaires gravitant autour d’un élément unique.
Le binaire marque toujours une structure, une certaine limite, alors que le ternaire implique une réalisation supérieure, un accomplissement, une ouverture.


DESCRIPTION DES ELEMENTS ET DES SYMBOLES - AXES DE LECTURE


Le visage du personnage central est grimé, il arbore des dents de vampires, car il aspire et avale tout ce qui l’entoure, il absorbe les sentiments des autres.
Il brandit un pic son propre cœur renversé, empalé ornant le sommet.
Son cœur est gros, gonflé comme une éponge par toutes les vagues émotionnelles qu’il a connu.
C'est le cœur du guerrier, il est à l'envers car il aura fallu dominer violemment toutes les pulsions de mort.
Un trophée durement gagné.
S'il est à l' envers c’est aussi car le prix de l'hybris se paye au prix fort, il faut sacrifier le cœur, descendre dans les "abysses" qui est une zone très sombre de l'esprit, cela revient sur le plan mental à se laisser sombrer dans la haine et la folie, dans la volonté de toute puissance. En revenir est très difficile, si on le fait on remonte une perle rare un poison sublime. Un dangereux trésor de l’âme.
C'est ce que j’ai dû faire, la vie m'a montré le pire de l'homme, c'est ainsi que je le ressens.
L'œil représente comme toujours l'intuition, la clairvoyance, la force quantique de ce que l’on suit sans comprendre tout de suite.
Ses habits sont ceux d’un monarque, d'un militaire, son couvre-chef est une étape augmentée et grotesque de son masque de vampire.


Son trône est une figure tricéphale, il représente les trois ingrédients du pouvoir.
A gauche la figure du loup, c'est la fonction prédatrice, celle de la volonté de puissance.
Au centre la figure du chat, c'est la fonction machiavélique, la fonction mystique, inspirée, celle de l’intuition.
A droite la figure du mouton, c’est la fonction grégaire, la part d’inconscient collectif qui nous compose, celui qui gouverne n’est jamais finalement que le produit de la volonté des foules.
Le chat est affublé d’une cravate et également d’un nœud papillon, la cravate évoque le pouvoir, le nœud papillon le cirque, comme pour le monsieur loyal.
On songe aussi au transformisme, à la mystification, la capacité de duper, de manipuler.
Le pouvoir dans l’inconscient collectif est toujours associé à la bouffonnerie, à la tromperie, il y a aussi bien entendu une puissante dimension de prestige.
L’art est éminemment politique, il connait les mêmes schémas, les mêmes attentes, les mêmes clichés.


Deux têtes décapitées pendent plus bas, des figures aux allures de masques anciens, une d' entre elle est transpercée par des banderilles, l’autre est traversée par un sabre.

Ce sont les tempêtes, les tonnerres fracassant d’autrefois, les vagues monumentales contre lesquelles l’esprit a dû se battre.

Si on regarde bien l’aspect de ces deux masques, eux aussi ont des caractéristiques propres aux vampires, tout comme pour le maquillage du personnage central.

C’est normal car en pourfendant ces deux dragons, il est alors lui aussi devenu fatalement un monstre.

Seul une force monstrueuse permet de dominer les abysses, Une parcelle de son esprit contient la résilience, la violence irrationnelle.


En ce qui concerne l’environnement alentour, l’atmosphère est par certains points éthérée mais aussi électrique, lourde et brumeuse, les personnages sont au centre d'une sorte de pont circulaire.

A l’arrière-plan, je me suis inspiré des arches de l'opéra Garnier, elles appuient la composition générale, leurs formes circulaires se réverbèrent, donnent écho à la forme centrale du pont, la soutenant en trois parties. Ce même pont est appuyé sur des constructions en pierres, les parois du pont sont vitrées et laissent transparaître des tuyaux et des canalisations, des panneaux ornés de lettres néons nous laissent lire le mot "Poison". Le pont est un symbole de transition et de transformation, il marque une rupture entre un état et un autre, il symbolise la révolution. Le pont peut-être « périlleux », il peut-être si étroit que le risque est grand de le franchir, surtout s’il enjambe l’enfer mais c’est pourtant le seul chemin qui mène au Paradis.

Ainsi il faut comprendre qu’une révolution artistique passe par les plus grands dangers. Si l’enfer est pavé de bonnes intentions, dans ce cas la route menant au paradis est quant à elle dallée des pulsions les plus sombres. Quoi qu’il en soit, il faut franchir ce pont empoisonné, si on réalise cela, le "Poison" devient alors "Remède".



On voit à droite dans les eaux un serpent de mer, il symbolise le doute, la chimère, l'illusion.
La quête absurde de l'animal mythique, la possibilité du rêve fracassé.
​ Comme je le disais précédemment, l'art est un jeu dangereux, il requiert un dévouement insensé, l'auto persuasion est une force à double tranchant qui peut très vite conduire à la folie.
A première vue sa présence constitue donc une alerte, mais qu’il existe dans l'image implique aussi de l’espoir.
Car s'il existe, il marque alors la transformation du mythe en réalité.
Les rêves à force de violence à bout de souffle, se réalisent finalement.



De chaque côté du pont, on peut voir deux paires de symboles enchevêtrées les unes aux autres.

A gauche un palmier et en arrière-plan un poing brandit.

A droite un arbre en feu et en arrière-plan une bouche hurlante.

Cette dualité entre des éléments stables, bloqués, figés à gauche et au contraire des éléments impermanents, vibrants, effondrés à droite renforce le clair-obscur symbolique du pont, le passage du calme à la violence de la stabilité à l’impermanence.

Les eaux sont absentes, il s'agit en fait d’un océan de nuages, nous sommes dans le monde des rêves dans des strates lointaines, élevées.

Le royaume des songes, là où les désirs se manifestent, à l’endroit également ou les destinées s’éveillent, se dessinent plus précises. Le siège du monde inconscient.
Photo


Enfin à droite flottant dans le ciel comme une montgolfière, on peut voir une glace, c’est clairement un symbole sexuel, la manifestation du désir.

Il me reste à décrire les trois figures féminines qui entourent le personnage et les deux missiles qui jaillissent de chaque côté de l'image.


​Pour ce qui est des deux missiles on peut voir que ce sont deux figures grotesques, deux totems, celui de gauche sourit, quant à celui de droite il semble courroucé, eux aussi marquent ce passage d'un état de calme à un état de violence.

Sans ambiguïté, on peut voir que ce sont là encore deux symboles sexuels.

L’idée d’orgasme et d’auto-consécration renvoient directement au ridicule, à l’onanisme.

Enfin en ce qui concerne les trois filles, il faut les considérer comme un ensemble chimérique, elles incarnent le désir sexuel mais aussi les rêves et les fantasmes, les utopies.
Elles sont très importantes car elles sont aussi une allégorie de l’art, et de la quête du succès artistique.
L’une des deux filles possède une seringue et l’autre une pilule.
Toutes deux semblent détenir ce que le personnage central désire, l’amour ou quelque chose qui semble s’y apparenter.
L’amour véritable est une vérité, une sagesse.

La recherche de l’amour ou le désir d’amour devient vite une drogue, céder inconsciemment à ses appels revient à sombrer dans la peur, la peur d’être seul. Devenir junkie à l’amour voilà ce qui menace à gauche comme à droite.

​Pour ce qui concerne la troisième fille celle qui se tient derrière le personnage principal on peut voir qu’elle tient une épée ornée d’un crâne, celle- ci est donc une guerrière, il s’agit de la femme idéalisée, fantasmée.
Une figure forte, féroce, puissante, elle domine, connait la direction à emprunter, elle possède la vision, l’instinct.

Pour ce qui est du recours à ces trois figures féminines, je tiens à dire que c’est la deuxième fois que j’implante un trio féminin autour d’un personnage masculin, mon idée première était assez flou, je savais qu’il s’agissait de figures fantasmées, de symboles sans bien comprendre ce que je faisais.
C’est en lisant Jung que j’ai trouvé des éclaircissements, je copie-colle une série d’explications sur le concept d’anima, cela amènera certainement des éléments de lecture supplémentaire.

L’anima (du latin anima « souffle, âme », d’où vient le terme animal) est, dans la psychologie analytique du psychiatre suisse Carl Gustav Jung, la représentation féminine au sein de l’imaginaire de l’homme. Il s’agit d’un archétype, donc d’une formation de l’inconscient collectif, qui a son pendant chez la femme sous le nom d’animus. Cet archétype se manifeste tout au long de la vie, projeté inconsciemment, d’abord sur le parent du sexe opposé, puis sur les personnes rencontrées auxquelles sont alors prêtées les caractéristiques de cette image.

L’anima chez l’homme et l’animus chez la femme sont les archétypes du sexe opposés, c’est pourquoi Jung nomme ce couple « contra-sexuel ». Ils ont une fonction de régulation ou d’adaptation et contiennent une certaine charge psychique les rendant relativement autonomes au MoiF 1. L’anima est ainsi une image innée de la femme chez l’homme (c’est la part féminine de l’homme), l’animus, une image innée de l’homme chez la femme (c’est la part masculine de la femme). Tous deux sont perçus dans les rêves et se distinguent des autres archétypes personnels par la charge émotionnelle qu’ils véhiculent. Leur intégration permet de relier le conscient à l’inconscient et forme le travail préliminaire de l’individuation. Pour Jung tout homme a une image (ou « imago ») psychique de la femme, représentant dans sa psyché personnelle sa propre relation avec l’inconscient. C’est pourquoi pour les hommes l’anima représente les sentiments et les affects. L’anima ne renvoie pas au complexe d’Œdipe : il s’agit d’une fonction psychique personnifiée, celle de la relation du Moi masculin à l’inconscient et qui a pour but de compenser la conscience

L’anima apparaît souvent dans les rêves et les fantasmes, sous les traits d’une femme séductrice ou diabolique qui est porteuse de valeurs féminines souvent très éloignées des valeurs masculines conscientes du rêveur. C’est au cours du processus d’individuation, souvent dans la seconde moitié de la vie, que l’homme se trouve confronté à cette figure de son inconscient : « L’anima est féminine ; elle est uniquement une formation de la psyché masculine et elle est une figure qui compense le conscient masculin.

Constituant l’anima, la part féminine de l’homme, on peut trouver :

1er niveau : femme primitive - par exemple Ève, Vénus, mais aussi les sirènes, les femmes fatales, etc.
2e niveau : femme d’action - Par exemple Jeanne d’Arc, Diane la chasseresse, les amazones etc.
3e niveau : femme de la sublimation - Par exemple : Vierge Marie, Kâlî chez les hindous, Isis, Déméter etc.
4e niveau : femme sage - Par exemple une déesse mère, une guide.
Chaque niveau correspond a un niveau de maturité psycho-affective. En réalité, l’anima a une fonction régulatrice : « La présence d’une figure de l’anima dans le rêve fait en effet toujours supposer l’existence d’une fonction de relation. L’anima représente toujours chez l’homme la fonction de relation. »


Dans les rêves, où apparaît de manière privilégiée l’anima, celle-ci joue un rôle de guide, à travers des figures féminines révélatrices : « L’anima exprime en quelque sorte le désir. Elle représente certains désirs, certaines attentes. C’est pourquoi on la projette sur la personne d’une femme, à laquelle se voient attribuées certaines attentes, des attentes unilatérales, tout un système d’attentes. »

CONCLUSION :

Pour faire la synthèse, Revolvere est un dessin d’amour, d’amour contrarié, d’amour fantasmé, d’amour projeté sur fond de révolution.
La révolution quand on y réfléchit bien est une sorte de sacrilège ultime, une réalisation à l ‘échelle d’ un état, d’ un groupe et aussi d’ un individu du complexe d’ Œdipe cher à Freud.
C’est une prise de pouvoir, le passage à l’acte naturel, entre pulsions de mort et pulsions de vie.

N’est-ce-pas le fond, oublié, endormi, obscur de toute relation amoureuse ?
Voilà j’ai tenté d’expliquer Revolvere, j’ai tendance à faire comme j’aime le dire «des dessins à tiroirs» il y a de nombreuses connections, d’autres angles de lectures que j’ai laissé de côté dans cette explication...

D’ ailleurs il y a un axe de lecture que j’ai jusqu’ ici très peu mentionné, il me servira de conclusion.
Il y a dans cette image et surtout en terme de style toute une dimension carnavalesque, à travers les costumes des personnages, les différentes figures qui ornent le décor, les têtes d’animaux, les masques de démons, les missiles totems, une dimension transformiste, spectaculaire au sens premier du terme, les nombreux symboles etc...
On peut constater toute l’exubérance, toute la bizarrerie de la scène.
Extravagance et grotesque résonnent un peu partout ensommeillés dans des rêves brumeux.
Le monde est et reste un mirage, un monde d’apparence, un monde d’apparat, la réalité devenant l’illusion ultime.

Cœur.

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