Le Passage (1998) Peinture par Christiana Visentin Gajoni

Dédicace de l'acheteur : "Un magma de corps inertes enchevêtrés, d'une teinte bleuâtre, surréaliste, irréelle- Un tunnel ou l'œil d'un cyclone, une spirale en mouvement qui entraine, dans ses rainures hélicoïdales, des corps de moins en moins définis, qui disparaissent dans un puits de lumière- Un être écartelé qui n'a pas été aspiré par l'irrésistible tourbillon et qui semble glisser vers le gouffre sans espoir de stopper sa chute- deux êtres aux formes humaines qui sont encore debout mais dont on sent bien qu'ils vont eux aussi basculer dans ce qui pourrait être l'anéantissement... je vois tout cela dans ton tableau et j'en ressens de la souffrance, voire du désespoir. Mais non, ce qui m'attire surtout c'est la lumière qui rayonne au cœur même de l'image. C'est le centre magique qui capte le regard et ne le lâche plus. C'est le point de départ ou l'arrivée de l'interrogation. Qu'y a-t-il au bout du tunnel? Les mythologies de tous les temps et du monde entier font de la mort un passage. La tradition chrétienne a fait de l'Enfer un lieu destiné au supplice des damnés, mais chez les grecs et les romains, c'était un lieu souterrain habité par les morts et pour l'atteindre il fallait PASSER le fleuve dans la barque de Charron. Chez les égyptiens, le livre dit "des morts" donnait l'itinéraire à suivre pour accomplir ce passage sans se perdre à jamais. Dans la langue française, encore en usage au début de ce siècle on disait encore de quelqu'un qui venait de mourir "il a passé" - Depuis vingt-cinq ans ou trente ans, des médecins se sont sérieusement intéressés aux témoignages concordants de personnes qui ont frôlé la mort; on parle de sujets cliniquement morts et qui on été ramenés à la vie. Ils ont raconté leur expérience. Ce n'est pas le lieu de raconter le processus complet du chemin qu'ils disent tous avoir parcouru, ni d'évoquer les sensations très vives d'harmonie, de calme, de confort, de beauté qu'ils rapportent; mais je te cite une étude scientifique sur la partie qui nous intéresse: "En parallèle à ce bruit (musique, ultrason) l'individu a la sensation de tomber dans un tunnel obscur, un long tunnel ou un cylindre, une cheminée, une caverne, un puits sans fond, une vallée, les témoignages varient: " quelque chose de très rapide s'est alors produit: je m'en allai dans un trou noir à une vitesse folle, ce trou noir on pourrait le comparer à un tunnel- j'étais emporté dans une montagne russe, comme à la foire, à une vitesse vertigineuse (autre témoin) "j'eus la très nette sensation de me déplacer le long d'une profonde et obscure vallée" Toujours, au bout de ce tunnel, de cette vallée, resplendit une lumière extraordinaire, qui illumine sans éblouir, qui réchauffe sans brûler, qui emplit le voyageur de paix, de sérénité, de bonheur, d'amour. J'ai personnellement connu une femme qui , a vécu cette expérience à la suite d'un dramatique accident en voiture, elle m'a dit en garder un souvenir vivant en permanence et n'avoir plus aucune peur de la mort. Pour moi, ce visage rayonnant de l'éternité donne plein sens à ma vie. C'est aussi une sensation que j'ai en regardant ton tableau, l'image du tambour d'une machine, lancé à grande vitesse, avec les corps collés contre les parois . Merci encore pour ce tableau si symbolique. " Maurice Véret

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