Boyfred

L'histoire d'un samouraï devenu mendiant par amour pour le page favori de son maître... Boyfred (textes et images).

Conte Japonais 01-20 / collage sur papier Canson, acrylique sur estampe japonaise, photographie et papier journal japonais, encre sur papier japon (transfère sur plaque de verre), texte original

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Dans ses œuvres les plus récentes, le corps est questionné et passé au ciseau comme un scalpel afin d’élaborer une anatomie du désir. C’est une façon d’interroger la nature de l’homme à l’état de nature, questionner son animalité que les règles sociales bien souvent étouffent et contraignent.

Quand les images de toutes natures qui nous environnent conditionnent nos représentations du corps et façonnent dans une large mesure l'image que l'on souhaite donner de soi-même aux autres, tout autant que l'image que nous avons de nous-même, le travail de Boyfred s’inscrit à rebours du culte du beau stéréotypé et du paraître à tout prix, copie conforme de corps qui s’affichent aussi comme le signe d’un conformisme des comportements et des pensées. Les affiches décollées, symptôme d’une hyperconsommation et de la publicité à outrance, sont déchirées et n’ont plus rien à vendre. Elles apparaissent en lambeaux de signes graphiques et visuels. Désormais déchirées, devenues dérisoires et inefficaces, elles apparaissent fragiles comme les corps musclés qui se montrent si forts et puissants quand ils en ont que l’apparence éphémère.

II-2 – Culturisme mon narcissisme, 2021, collage sur papier Canson, 70 x 50 cm

Le regard critique de Boyfred est interrogatif, mais jamais donneur de leçon comme en atteste l’Autoportrait au buste antique où l’ironie flirte avec l’auto-critique.

Autoportrait aux bustes antiques - Peplum, collage sur papier, 12,5 x 17,5 cm

Faire rire ou sourire, exprimer le désir ou le dégoût, toucher le spectateur pour qu'il devienne acteur de lui-même : questionner sa propre image afin d'interroger son identité intime et sociale. C'est peut-être aussi la possibilité de se regarder un instant sans comparaison ni modèles et de mieux laisser apparaître ces derniers.

Moins souvent mis en avant que le corps féminin et ses appas, ces collages mettent en lumière le corps des hommes afin d’éclairer ce qu'ils peuvent susciter et ce que leur image construit et déconstruit de représentations en exhibant certains mécanismes du regard.

Ainsi, les collages de Boyfred participent à nous rappeler que les images nous font et nous refont sans cesse, et parfois nous défont pour mieux nous faire d’une façon nouvelle.

II-1 – Si fort car si fragile, 2021, collage sur papier Canson, 70 x 50 cm

Réalité observéedans la rue et sur papiers glacés, papiers couchés, papiers lisses ou grainéspapiers bruts ou apprêtés, abîmés, tachés ou froissés
papiers jetés, abandonnés
papiers qui ont vécu.

Je n’imprime pas tel ou tel motif, je prélève – dans le National Geographic, Archtectural Digest, Polka, Jésus… dans les poubelles aussi – je cherche, je regarde beaucoup
L’œil affûté comme à la chasse, mais il n’y a pas de sang versé
– Seulement le mien si la lame achoppe le bout de mon doigt –
Et la proie sur le papier collée est plus vivante d’une façon nouvelle
Et renouvelée par celui ou par celle qui la voit, elle devient un collage.

Quand un trou ou un relief dans la réalité survient,
Une chose cocasse, rieuse, impromptue par ses dissonances ou ses accords singuliers
– une musique, une scène, des mots –
Sa résonance soudain déflagre ce moment et fait sentir plus fort ce désir de le saisir.

Papiers découpés, papiers déchirés, je coupe et je découpe
Je montre les coups de ciseaux
J’assemble et je colle
Et des rebus je façonne des représentations nouvelles.

Mécanique singulière à défaire les images et à faire des collages
Comme des poèmes visuels ou des mélodies imagées
Avec des lettres, avec des mots, avec des chiffres aussi.

Parce que les images nous font et nous refont sans cesse,
Et parfois nous défont pour mieux nous faire
Les collages recomposent la réalité et mettent à nu la mécanique du regard.

De la dénudation à la nudité
Il y a des corps nus dans la végétation
Des corps recomposés, interrogés, façonnés selon le désir ou l’ironie
Comme dans certains collages où scènes de vie et réalités sont transformées
Pour exprimer ce qu’elles disent silencieusement de ridicule et de bêtise humaine
Parfois aussi de rêves ou de sourires malicieux.

Tous ces papiers collages s’exposent et s’imposent
Comme des espaces où briser les chaînes, crever les illusions et se rapailler.

Tous ces papiers collages s’exposent pour mettre le monde à l’envers
Et garder la tête à l’endroit.

Une mécanique du regard – BoyfreD

En voyage..., 28x38 cm, 2017

Mécanique du regard, n°2.

Collage sur carte cartonnée.

"Ce collage est de petit format, mais nous donne à voir l’immensité. Il donne à voir un homme – reproduction d’une gravure – qui regarde l’horizon. Avec un instrument de vision grossissant, sorte de loupe portée à son œil droit, il observe ce qu’il tient entre ses doigts, un papier découpé et collé sur lequel est écrit « horizon ». En s’approchant, cet homme voit plus loin. Au premier plan est collé un bout déchiré de carton ondulé à l’horizontal, et devant lui un parapet gris met à distance et nous invite à regarder différemment, entrer dans une autre dimension de l’espace et du temps, quand émerge de ce parapet de béton plantes vertes, figue et tomate – et sur d’autres collages de la série des poissons. En s’approchant, cet homme regarde un mot ; il lit et voit l’horizon. Il ne voit pas seulement ce qu’il regarde, mais ce qu’il imagine de ce qu’il lit, quand les images façonnées au-dedans de lui impressionnent sa façon de lire et de voir en retour. En deçà et au-delà l’horizon, il voit ainsi l’infini. Et nous le percevons à notre tour en regardant par-delà l’ouverture pratiquée au-dessus de l’homme – dans la partie supérieure du collage – où l’émerveillement « O » se mêle à un jardin sec japonais coloré sur le modèle de la mer de sable d’argent du Ginkaku-ji à Kyoto. Ce jardin zen se détache d’une végétation luxuriante et touffue comme les rêves. Comme une fenêtre ouverte sur le monde, ce collage expose et met en œuvre une mécanique du regard quand nous voyons cet homme qui regarde l’horizon, et nous voyons par-delà l’horizon de son épaule l’infini des possibles de ce que voit cet homme derrière le mot « horizon »." Frédéric Mandon, Run Boy Run, une odyssée à l'envers.

Pop Spring, 65x50 cm, 2021