Top 8 des Baisers Emblématiques de l'Histoire de l'Art

Top 8 des Baisers Emblématiques de l'Histoire de l'Art

Bastien Alleaume | 5 févr. 2021 8 minutes de lecture 1 commentaire
 

Sujet mielleux et romantique pour certains, fougueux et passionnel pour d’autres, embarquez avec nous dans le délicat univers de l’amour et de la tendresse !

La Fête des Amoureux arrivant à grands pas, profitons de cette occasion pour revenir en images sur les plus langoureux baisers et peintures d'amour de l’Histoire de l’Art. 
Des anciennes et non moins célèbres scènes mythologiques de la Renaissance jusqu’au très contemporains pochoirs du street-artiste Banksy, l’élan et l’enlacement amoureux ont toujours fait vibrer l’inspiration des artistes, qu’ils soient peintres, sculpteurs ou photographes. 

8. Francesco Hayez : le plus ténébreux

Francesco Hayez, Le Baiser, 1859. Pinacothèque de Brera, Milan.

La plus ancienne réalisation de ce classement est signée Francesco Hayez, célèbre représentant du romantisme italien. Dans cette œuvre, on y découvre un couple qui s’enlace au centre de la toile, comme s’ils ne faisaient qu’un. Autour d’eux, les ombres dominent, on devine même la silhouette d’une femme âgée sur le côté gauche, de dos, descendant les escaliers. Ce fougueux baiser semble être volé, réalisé en cachette et à la hâte, ces jeunes amants profitant ainsi d’un court moment de répit à l’abri des regards réprobateurs. Profondément à contre-courant des standards de bienséance appliqués à l’époque, cette représentation du baiser fougueux par Hayez fut l’objet de nombreuses interprétations : on la considère ainsi comme un symbole de l’unification italienne (Risorgimento) très divisée à l’époque, et même comme une allégorie de l’alliance entre la France et l’Italie, ces deux nations ayant signés un pacte en 1859, année de réalisation de cette œuvre.

 

7. Auguste Rodin : le plus électrique

Auguste Rodin, Le Baiser, 1889. Musée Rodin, Paris.

Difficile de répertorier les étreintes les plus populaires de l’Histoire de l’Art sans évoquer Le Baiser d’Auguste Rodin. Cette sculpture monumentale en marbre fut réalisée à la demande de l’Etat français, dans le cadre de l’Exposition Universelle de Paris organisée en 1889. Ce n’est donc pas le seul chef-d’œuvre intemporel issu de cette manifestation culturelle internationale, puisque la légendaire Tour Eiffel fut, elle aussi, construite pour l’occasion.
Cet enlacement ardent s’inspire du poème La Divine Comédie de Dante. Il représente ainsi Francesca da Rimini et son beau-frère Paolo Malatesta, dont elle tomba éperdument amoureuse. Ces deux amants furent assassinés par le mari de Francesca, après que celui-ci les eut surpris lisant ensemble les aventures de Lancelot et de la reine Genièvre (eux aussi, amants fougueux). On peut d’ailleurs apercevoir le livre sur la statue de Rodin, dans la main gauche de Paolo. Cet adultère les condamna à errer dans les Enfers, mais leur amour puissant restera à jamais gravé dans la roche grâce au génie créatif d’Auguste Rodin.

 

6. Henri de Toulouse-Lautrec : Le plus fougueux

Henri de Toulouse-Lautrec, Dans le Lit, Le Baiser, 1892. Collection particulière.

Ce que l’on aime chez Toulouse-Lautrec, c’est la vérité crue qui se dégage de l’ensemble de son œuvre. Peintre emblématique de la vie de bohème et d'un microcosme parisien frivole de la fin du XIXème siècle, il consacra son existence à son art. Jusqu’à sa mort prématurée à l’âge de 37 ans, il écumera les établissements plus ou moins bien fréquentés du quartier de Pigalle et son Moulin Rouge, des débits de boisson jusqu’aux cabarets dansants, en passant par les maisons closes. C’est dans l’une de celles-ci qu’il réalisa ce baiser charnel et affectueux. Que les cheveux courts du personnage de droite ne vous induisent pas en erreur : loin d’une masculinité androgyne, ce sont bien deux femmes que l’on découvre entrain de s’étreindre passionnément. Le choix d’une telle composition à une époque si hétéronormée, mêlé à une facture de haute qualité dont seul Toulouse-Lautrec avait le secret, ont fait de cette peinture le chef-d’œuvre que l’on connait désormais.

 

5. René Magritte : le plus perturbant

René Magritte, Les Amants I, 1928. Museum of Modern Art, New York.

Ce célèbre tableau de René Magritte, devenu icone pictural de la crise du coronavirus, est la première toile d’une série de 4 tableaux intitulés Les Amants, et numérotés de I à IV. Très inspiré par ses rencontres surréalistes parisiennes (Dali, Ernst, Breton…), Magritte nous présente ici un couple enlacé aux visages camouflés par deux tissus blancs. Derrière eux, on découvre un intérieur très épuré, concentrant ainsi toute l’attention du spectateur sur ce mystérieux baiser fiévreux. Les linges blancs privent les amants de différents sens, pourtant habituellement nécessaires lors d’une étreinte : la vue, le toucher, mais aussi l’odorat, l’ouïe et le gout sont annihilés par ces étranges voiles emprisonnant le visage de ces deux tourtereaux. Ce lot d’incompréhensions amène évidemment avec lui son florilège d’interprétations divergentes : représentation d’un désir inconscient ? ode à l’amour aveugle ? à la discrétion des émotions (pour vivre heureux, vivons cachés) ? René Magritte, dans la pure veine du surréalisme, n’apportera aucune explication à cette composition, laissant aux observateurs les plus avisés un champ d’interprétation large et mystérieux, aussi agréable pour les yeux que stimulant pour les méninges.

 

4. Edvard Munch : Le plus fusionnel

Edvard Munch, Baiser à la Fenêtre, 1897. Munch Museum, Oslo

Le plus célèbre des peintres Norvégiens, Edvard Munch, nous gratifie ici d’une œuvre sombre et sans concessions. Cette huile sur toile peinte en 1897 fait partie d’une série intitulée La Frise de la Vie, que le peintre symboliste n’a cessé d’enrichir pendant presque 30 ans. Cette série avait pour vocation d’illustrer les différents stades de développement d’une relation entre un homme et une femme, ce que Munch appelait lui-même « la bataille entre l'homme et la femme que l'on appelle l'amour ».
Ce tableau ne peut être interprété sans contexte, sans connaitre la trajectoire de vie tragique de son auteur.
En effet, tout au long de sa carrière, Edvard Munch a dû faire face à la maladie (aussi bien physique que mentale), à un père stricte et fanatique, à de nombreux décès parmi ses proches, ainsi qu’à de nombreuses déceptions amoureuses et crises d’alcoolisme récurrentes. Tous ces éléments ont fortement influencé sa production artistique, et les émotions en découlant. Dans cette œuvre, on observe un couple dans l’obscurité, qui s’embrasse d’une manière tellement fusionnelle que leurs visages finissent par se confondre et ne faire qu’une seule tâche informe. Cette composition témoigne amèrement de l’ambivalence d’Edvard Munch quant à l’idylle, la passion amoureuse. On peut analyser dans ce mélange de visages l’unité fusionnelle d’un couple, tout comme il est possible d’en comprendre la perte d’individualité issue de cette absorption, perte de son existence et de son identité propre, se rapprochant ainsi fatalement de la mort.

 

3. Constantin Brancusi : Le plus éternel

Constantin Brancusi, Le Baiser, 1909. Cimetière Montparnasse, Paris.

Voilà une œuvre au destin aussi romantique que tragique. Le Baiser, de l’artiste franco-roumain Brancusi, est une série de quarante sculptures réalisées à partir de 1905. Ces sculptures partent d’intentions communes : simplification de la forme, enlacement géométrique, fusion des êtres… Toutefois, elles sont également distinctes, n’étant pas réalisées en série à partir d’un même moulage, mais par l’artiste lui-même, qui modifia certains attributs de ses sculptures au cours de son processus créatif.
L’une d’entre elles orne, encore aujourd’hui, la tombe d’une jeune femme au cimetière Montparnasse, à Paris. En 1910, une jeune exilée russe du nom de Tatiana Rachewskaïa se donne la mort. Ses parents, inconsolables, décident de commander à Constantin Brancusi, encore inconnu à l’époque (mais disciple de l’illustre Rodin), une grande statue pour l’installer sur la stèle funéraire de leur défunte fille.
Très sensible à cette histoire dramatique, le sculpteur décide alors d’installer une version du Baiser très particulière sur la tombe de la jeune fille. Haute de 90cm, il réalisa ainsi la plus grande statue de cette longue série, seule sculpture où l’on découvre les amants de plein pieds, dans leur entièreté. Aujourd’hui, plus de 100 ans après ces évènements, la côte de l’artiste a explosé : cette sculpture est désormais estimée à plusieurs dizaines de millions d’euros, et la poésie de cette tragédie s’estompe.
Les héritiers de la défunte souhaitent récupérer cette sculpture, dont ils s’estiment être propriétaires, mais l’Etat français s’y oppose fermement, considérant cette œuvre comme un monument historique.
Spoliation pour certains, conservation d’un patrimoine historique pour d’autres, les débats restent ouverts et la croisade juridique ne fait que commencer. Une tragédie pouvant en cacher une autre, on ne peut plus contempler cette œuvre, qui est désormais recouverte d’un caisson de bois (pour la protéger des aléas naturels et de la pollution), et surveillées en permanence par de nombreuses caméras.

 

2. Marc Chagall : le plus surréaliste

Marc Chagall, L’Anniversaire, 1915. Museum of Modern Art, New York. 

Dans cette œuvre intensément poétique et surréaliste, l’artiste d’origine biélorusse nous fait pénétrer dans l’un de ses rêves. On y surprend un couple, Marc Chagall et sa moitié, Bella, s’embrassant dans une position défiant les lois de la gravité telles que nous les connaissons. Le peintre nous signifie ainsi que pour lui, loin d’être une simple expression, l’amour donne réellement des ailes. Lorsqu’il réalise ce tableau, celui-ci sort d’une longue période de séparation avec sa bien-aimée, son amour de jeunesse qu’il vient de retrouver, et dont il a demandé la main. Durant toute cette heureuse période, il ne cessera de se peindre les pieds détachés du sol, flottant dans différents univers oniriques et enfantins. Dans cette œuvre, tout est fantaisie : les règles de la perspective sont abandonnées pour laisser place à l’euphorie picturale : le sol est rouge vif, la table n’a qu’un seul pied, les objets posés dessus, pourtant fixes, semblent s’incliner vers la chute…

 1. Gustav Klimt : Le plus iconique

Gustav Klimt, Le Baiser, 1909. Palais du Belvédère, Vienne.

Le Baiser de Gustav Klimt est sans aucun doute l’étreinte amoureuse la plus éloquente de toute l’Histoire de l’Art. Dans un style très particulier dont seul Klimt a le secret, on découvre un couple, de plein pieds, recouvert de parures dorées et ornementées. L’Homme embrasse délicatement sa prétendante sur la joue, tandis qu’elle l’enlace et s’abandonne à lui. Tout autour d’eux, une fraicheur naturelle suscite la séduction : du champ de fleurs multicolores, aux motifs floraux recouvrant l’habit du personnage féminin, jusqu’à la couronne de lierre ornant le crâne de son soupirant, tout semble converger pour fixer à jamais la poésie extraordinaire de cette scène. Mais qui sont ces amoureux ?
Pour certains, il s’agit simplement d’une illustration de l’artiste et sa compagne, Emilie Flöge. Pour d’autres, il s’agit plutôt d’une allégorie mythologique représentant le moment où Apollon embrasse la nymphe Daphné, qui se métamorphosera ensuite en un laurier pour échapper au Dieu des Arts et de la Beauté.


Et voilà, c’est la fin de ce classement débordant de dévouement et d’enthousiasme. Nous espérons que cette sélection vous a plu autant qu’elle fut agréable à rédiger, et nous vous souhaitons une agréable Saint Valentin. Pour les plus grands admirateurs de liaisons passionnées et d’art, nous vous recommandons de découvrir notre sélection d’œuvres célébrant l’amour : coup de foudre assuré !  


Bastien Alleaume
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