FATIHA EL HADI: La danse du Scarabé

FATIHA EL HADI: La danse du Scarabé

Nicolas Sarazin | 19 nov. 2019 3 minutes de lecture 0 commentaires
 

Depuis Castelnaudary où elle est née, Fatiha El Hadi a créé un bestiaire foisonnant, comprenant aussi bien des coqs que des scarabées, tous représentés avec précision et imagination.
Aujourd’hui, l’artiste illustratrice complète ce bestiaire avec de nouvelles créatures, des sirènes, des danseuses qui s’intègrent pleinement dans cet univers à mi-chemin entre la miniature médiévale et les peintures perses ou chinoises.

Le coq est bleu, le scarabée est rouge à damier, et le flamant rose est certes rose, mais il évolue au milieu des sirènes…. Fatiha El Hadi aime la nature, mais elle aime avant tout s’en inspirer pour en tirer son propre bestiaire, loin, très loin de l’observation du terrain.

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L’artiste a toujours dessiné et explique cela tout simplement par l’univers fascinant que lui a fait découvrir sa maman quand elle était enfant: “Je suis née à Castelnaudary où je vis encore, mais ma mère a longtemps été maître-tapissier à Kerouan, la ville tunisienne du tapis. De ses six enfants, j’ai été la seule immédiatement attirée par cet univers coloré”.

Mieux encore quand on découvre son travail : sa maman était responsable du choix des couleurs des laines dans la fabrique nationale des tapis.

L’univers de Fatiha El Hadi se caractérise par deux choses qui frappent aux yeux immédiatement: un trait extrêmement précis (encre de Chine) qui, en appuyant sur les contours, visent à simplifier, épurer la représentation, et un traitement des couleurs  (aquarelle) qui défie le réalisme pour faire entrer tout sujet dans une harmonie qui relève du conte de fée. 

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Chez elle, le coq et le scarabée ont droit au même traitement, à la même minutie. Ils sont tous deux source d’émerveillement. Dans ses dessins, l’artiste respecte certaines données offertes par la nature (les formes, les proportions) pour ensuite changer de casquette et se faire au choix peintre, ornemaniste, illustratrice, miniaturiste. 

Finalement, on se perd un peu en références devant son travail: les arabesques renvoient évidemment à ses racines orientales mais peuvent aussi pencher vers l’art nouveau, les formats et les aspects très chargés des oeuvres peuvent faire penser aux miniatures médiévales occidentales, mais les thèmes (et notamment la présence des oiseaux) évoquent les miniatures persanes ou indiennes.
Parfois, ce sont les couleurs mêmes qui renvoient à d’autres univers, comme cet oiseau imaginaire turquoise et bleu, qui évolue au milieu de volutes rouges, comme on pourrait les trouver dans les céramiques turques d’Iznik.

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“J’ai toujours dessiné. Adolescente, j’ai pris des cours, puis j’ai essayé de me présenter aux Beaux-Arts de Toulouse et j’ai été prise grâce à mes dessins! Ensuite, j’ai travaillé comme styliste. Et puis tout s’est un peu enchaîné: quelqu’un a vu mes dessins et m’a proposé d’exposer”. 

En 2015, l’artiste a relevé un défi important: s’inscrire dans la longue lignée des illustrateurs qui ont proposé leur interprétation des Fables de La Fontaine. Son travail a été présenté dans un livre édité par les Presses littéraires, un éditeur de Perpignan. L’artiste a choisi d’illustrer les 36 fables comprenant des oiseaux (36 sur 246). Comme dans les miniatures médiévales, les personnages principaux (renard, cigogne, etc) évoluent dans des fonds assez chargés de motifs et de couleurs. Et comme dans les miniatures indiennes, l’oiseau est la vedette de l’ouvrage. 

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Aujourd’hui, l’artiste élargit son univers sans pour autant rompre avec son bestiaire, bien au contraire. Des danseurs apparaissent, mais ils apparaissent au milieu des flamants roses et en semblent la prolongation. La danse appartient autant aux uns qu’aux autres, de même, de manière encore plus évidente, les sirènes sont mélangées aux poissons.

Fatiha ElHadi se laisse guidée par son inspiration et par l’enchaînement des figures. Les fables de La Fontaine dérivent ainsi de manière toute naturelle vers les contes d’Andersen.        

VOIR LE TRAVAIL DE FATIHA EL HADI  →

Jean Lurçat, Dom Robert, Fatiha el Hadi

Le travail de Fatiha ElHadi a une parenté évidente avec ceux de deux autres créateurs régionaux, tous deux versés dans la tapisserie: le Lotois Jean Lurçat et l’Aveyronnais Dom Robert.

Jean Lurçat (1892-1966) a son musée à Saint-Laurent-des-Tours dans le Lot, et l’abbaye-école de Sorèze dans le Tarn abrite le musée Dom Robert, consacrée aux oeuvres de ce moine artiste. Dès l’origine du musée, une présentation par tiers des collections a été prévue tous les trois ans pour garantir la conservation des œuvres. Un nouvel accrochage des collections est proposé depuis le début de l’année.

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