en suspens (2017) Pintura por Chloé Alecki

Encres en Lumières sur papier

Installation en extérieur (ou intérieur) de peintures mobiles, réactives à la lumière.
Peintures originales à l’encre de chine couleur sur papier Wenhzou 30g\m2.
Marouflées sur voilage transparent

Poésie des papiers peints, ce qu'une description technique ne peut exprimer ...

Petite, tout déborde !
Chloé typhon Chloé chiffon.
Tout vient des mains. Tâchées, elles entachent tout, tout autour.
Autour c’est le terrain de jeu des milliards de mains qui tâchent le monde chiffon.
Nous avons tous un impact sur le monde, j’ai choisi celui là.

Je tâche. Je cerne. J’auréole.
Brouillonne spontanément, je tâche à l’encre indélébile, les prémices de l’idée qui s’affirme dans l’acte.
C’est une affirmation pas un questionnement.
Le brouillon devient l’objet par la force de l’achèvement. Plus les moyens sont faibles plus l’expression est forte. Le brouillon, lui, tire sa force de la liberté avec laquelle on s’en sert pour sortir les idées spontanément. Il est la première forme, l’intuition. Libre de représenter l’à peine connu. Et même au delà du connu.
Voyage dans les tâches.
L’œil cherche à reconnaitre quelque chose de concret qui fasse partie de son monde, une réalité déguisée n’est pas mon fait.
Chacun avec sa sensibilité, sa propre carte du monde perçoit les couleurs et formes.
C’est ce qui fait la dimension populaire de la peinture abstraite . Elle nous renvoie à notre propre intériorité.
L’émotion n’est pas affaire d’initiés, seule compte l’histoire unique de vie de chacun et c’est à travers elle que filtrent et se différencient nos sensations. Atteindre l’intime.


En premier vient la finesse du papier. Papier de lumière tant sa masse est faible.
C’est une surface. Une feuille blanche et sèche, que le courant de l’air soulève.
Facile. Froissé.
Une feuille sèche que le courant de l’eau soulève.
Une feuille humide que le typhon inonde.
Sève retrouvée que le courant de l’air s’apprête à déchirer.
Les fragilités s’établissent.

La surface détrempée, sur-abondée d’eau tant à redevenir pâte.
Miroir gris entre deux eaux brillantes. Celle du dessus. celle du dessous.
Ce n’est pas un plan c’est une plaine. Ses monts et ses vaux.
Pleine d’eau. Pleine d’encre.
Plan d’eau,
Où de faux cils en pinceau, un poil attendri, gorgé d’eau, regorgé, dégorge.
Encore, ils submergent les fleurs d’encres qui dispersent leurs estompes de pollens.
Buvards de la future chromatique vibratile de surface.
Les eaux sont libres, brouillonnantes. Tâchent, cernent, auréoles.
S’amassent en flaques.
Elles se retiennent ensemble, et s’échappent toujours. C’est la vie.
C’est le temps.
Celui qu’il fait, celui qui le sèche, celui de demain, celui qui passe.
Ce temps qui se dilate l’hiver, dans le brouillard qui fait le monde rétréci. L’eau thermomètre s’engourdit, fige, le temps s’éternise.
Et bien trop tôt passe le temps de l’été, qu’à peine l’eau suée s’évapore. Trop tôt. Trop tard.
Ma peinture est comme le temps.
ah ! les belles saisons !

Prends du temps pour faire et voir. Prendre le temps d’éprouver la peinture dans son état vivant. Elle est aussi cette eau qui nous emplie. Les peintres vivent la rencontre tactile entre la peinture et les yeux. Cette fraiche brillance merveilleuse fait vibrer la couleur cristalline. Elle est épaisse même liquide, gonflée, elle est jeune encore, elle rencontre le temps. Et l’eau qui se retire l’emporte avec elle. Le papier fini est ce qui reste de cette expérience, le pâle souvenir de l’acte, précieuse mémoire e(a)ncrée. Un savoir et un faire.

Réminiscence de brillance. Papier lumière.
Chaque instant où l’on regarde le papier peint est unique. Chaque heure chaque jour, la lumière est unique.
Conscient de cela, nos yeux s’aiguisent aux variations naturelles de la lumière filtrée au travers du papier peint.
Voilà le bleu dans ses complexités lumineuses, voilà la profondeur de ses mélanges, tantôt plus chaud, tantôt plus froid.
On s’enfonce dedans. La lumière vient de l’intérieur, elle catalyse la couleur.
Cette vibrance est la composante autonome de ma peinture. Révélateur des réalités du papier peint.
D’elle naît la multiplicité de ses formes ou sa constance. En résonance immédiate avec son environnement.
Papier vitrail auréolé de soleil que la nuit ombre.
La couleur perd sa stabilité.
Jamais si saturée que l’instant d’avant, jamais si terne que l’instant d’après. L’équilibre se rejoue chaque instant.
Le temps ami, variable qui transpose l’harmonie figée en perspective, qui donne le mouvement.
Oscillantes couleurs abstraites.
Figées puis soustraites à leur constance.
Composer l’harmonie sans la rigidifier.
Animer.

Elle était
elle est
Elle vit
Elle sera, elle s’altère forcément.

Enfin.
Vient le temps qu’il fait aujourd’hui, enfermé dehors, il nous cerne dans la danse.
Sortir.
Sortir de l’abri du mur, montre nous ta face cachée, comme la sculpture ni résiste pas. Peinture biface, décroche toi du mur.
Ne lutte pas avec le vent, accompagne.
Les fragilités s’évanouissent quand le vent fait danser ces voiles.
tourne tourne petit moulin.
Viennent la pluie et les orages qui de leurs goutes ne peuvent plus rien pour l’encre.
Et l’on perçoit que c’est enfin la vie.


Alecki Chloé

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