point de bascule Collages by Valérie Cadet

Not For Sale

Sold by Valérie Cadet

Certificate of Authenticity included
  • Original Artwork Collages,
  • Dimensions Dimensions are available on request
La ligne une, comme chaque jour, charrie une marée humaine, qui va, qui vient, au rythme des heures de la journée. Nous sommes mardi. Un mardi comme tant d'autres. Il est 19 heures et le quai du métro est bondé. Il attend, son corps lourd entouré d'autres corps, par centaines, qui forment comme un vêtement flottant[...]
La ligne une, comme chaque jour, charrie une marée humaine, qui va, qui vient, au rythme des heures de la journée.
Nous sommes mardi. Un mardi comme tant d'autres.

Il est 19 heures et le quai du métro est bondé.
Il attend, son corps lourd entouré d'autres corps, par centaines, qui forment comme un vêtement flottant autour de lui. Son cou et sa tête émergent. On les dirait sortis d'une étroite encolure.
Lui, c'est Paul. Il est beaucoup plus grand que la plupart des voyageurs.
Elle, c'est Jeanne. L'extrémité de ses escarpins frôle le bord du quai, affleurant le vide. Elle a le regard absent, rien toutefois qui ne la distingue des autres voyageurs, perdus dans leurs pensées, noyés dans le flot.
C'est mardi, un mardi comme tant d'autres. Du gouffre noir surgit le métro.
Paul a bondi au moment où le corps de Jeanne basculait. A l'instant précis où il franchissait ce point au-delà duquel le retour est impossible, la chute irrévocable. De ses bras immenses et puissants il a entouré le corps si frêle de Jeanne qui déjà avait abandonné l'idée de vivre, de se tenir debout.
Elle est inerte, poupée de chiffons déposée sur l'épaule du géant. Lui, ne bouge plus, comme pétrifié.
Un mardi comme tant d’autres, 19 heures et 3 minutes ligne une.
Ouverture des portes, les voyageurs s'engouffrent. Quelques secondes plus tard, le métro a quitté le quai, laissant place à la prochaine vague de voyageurs qui déjà déferle, formant peu à peu un nouveau vêtement autour du corps de Paul.
Alors il se souvient qu'il tenait la main de Lucille quand il a bondi. Il la cherche du regard. Elle est accroupie un peu plus loin, adossée au mur. De ses bras, elle tient fermement ses genoux serrés contre sa poitrine, tentant de contenir ainsi les tremblements secouant son corps.
Il croise son regard de bête apeurée.
Il lui est impossible de bouger pour le moment. Il reste ainsi au bord du quai, le corps de Jeanne toujours inerte sur son épaule droite. Un pas le sépare de l'endroit où la vie a failli basculer.
Lucille, elle, a compris qu'aucun autre pas n'est possible pour le moment que celui qui le ramènera au point de déséquilibre. Elle tremble parce qu'elle sait que la force qui maintient les pieds de Paul rivés au quai est celle-là même qui l'empêche pour l'instant de franchir ce pas là. Un pas, juste un pas.

C'est mardi, un mardi comme tant d’autres.
Automatically translated
Follow

See more from Valérie Cadet

View all artworks
Painting
Not For Sale
Acrylic
Not For Sale
Painting
Not For Sale
Acrylic
Not For Sale

Artmajeur

Receive our newsletter for art lovers and collectors