Oeildepierre

Le silence des friches industrielles, l’odeur poussiéreuse d’une prospérité d’antan, pas si lointaine. Graulhet est une ville enclavée au sud du Tarn, aujourd’hui encore oubliée du chemin de fer. Une petite ville, sans lycée, grignotée par la crise. En effet, un cancer ronge l’industrie du cuir et ses mégisseries dont les hautes cheminées de brique lorgnent sur un passé glorieux. Du XVIIIe au XXe siècle, Graulhet était l’une des capitales mondiales du cuir. Aujourd’hui les mégisseries souffrent, souffrent,à l’image des générations d’immigrés aux corps et âmes brisées. iIl n’en reste plus qu’une dizaine sur la centaine qui existait du temps de sa prospérité. À l’abandon, ou tournant au quart de ce qu’elles peuvent produire, elles deviennent d’immenses friches industrielles. Certaines connaissent une deuxième vie, mais c’est une autre histoire.

Pierre Assémat, photographe tarnais, a « toujours photographié des lieux abandonnés, des ruines où il ne reste plus que l’empreinte d’une vie ». Cherchant un endroit pour quitter Toulouse, il passe par Graulhet en 1999. « Il faisait gris, il n’y avait personne sauf des cheminées et ces friches. Je savais que je reviendrais les photographier ».

Pierre Assémat a donc entrepris, quelques années plus tard, un inventaire des friches graulhétoises dont nous publions une partie. « Je me suis inspiré de l’œuvre du couple de photographes allemands Bernd et Hilla Becher qui ont photographié depuis la fin des années 50 des bâtiments industriels en Europe et aux Etats-Unis ». Comme ces précurseurs de la photo documentaire pour leurs typologies (1), il s’est imposé des règles de prise de vue strictes (cf. rêgles de prise de vue).

En résultent des portraits frontaux de friches, des photos sans fard de mégisseries dont « aucune ne se ressemble alors qu’elles étaient destinées à réaliser le même travail ». Se dégage ainsi une esthétique de ces bâtiments construits sans intention esthétique.

Emmanuel Scheffer

Formations
- Professeur d’art visuel au Lycée Victor Hugo de Gaillac (2010)
- Formateur en photographie et en histoire de l’art de la photographie auprès d’apprentis candidats au CAP et Bac pro photographe, CFA départemental du Tarn LP Clément de Pémille Graulhet (2004-2010)
- Formateur agréé en photographie et en retouche d’images numériques sur Adobe Photoshop (2008-2010)
- Chargé de communication chez CAMINO (cie de danse/Théâtre/arts visuels). (2000-2010)
- Photographe free-lance pour le Conseil Général du Tarn
- Photographe pour la Dépêche du Midi, agence d’Albi (2003- 2004)
- Co-auteurs des créations photographiques chez Tortilla flat (1992-1999)
- Artiste photographe autodidacte depuis 1990

Savoir-faire numérique
- Photographiste et créateur de supports publicitaire
- Maîtrise des logiciels Adobe Photoshop, Indesign, Illustrator, Dreamweaver, Quark Xpress et suite Office .
- Maîtrise et maintenance de réseau informatique sur environnement Mac et PC
- Travaux d’illustrations d’ouvrages littéraires, pour la jeunesse et pour Internet, ainsi que micro édition.
- Formation sur le travail en imprimerie ( photocomposition, flashage, impression et façonnage )

Savoir-faire argentique
- Maîtrise de la prise de vue en reportage et studio avec appareils grands et moyens formats.
- Maîtrise de l’éclairage avec des flashs de studio et en lumière continue
- Maîtrise du développement négatif et positif argentiques N/B et couleurs, tous formats.
- Techniques de prise de vue et de développement alternatifs

Diplômes
Baccalauréat professionnel photographe - 2005
CAP photographe - 1992
BTS conducteurs de travaux bâtiment et travaux publics - 1990
BT encadrement de chantier bâtiment et travaux publics - 1988
BEP métreur du bâtiment - 1986
CAP dessinateur en bâtiment - 1986

Principales expositions
- PASTELLISME. photogrammes sur cyanotype d’Isatis tinctoria grandeur nature
Comité Départemental du Tourisme du Tarn. Pays de cocagne. 2010
- C/N 50 recyclons nos déchets. Reportage pédagogique sur le compost.
Maison de l’environnement Midi-Pyrénées, ARPE, Toulouse -2007, Biocybele 2010
- Bâtisses d’eau de vent. Les mégisseries silencieuses de Graulhet.
Archives départementales du Tarn - 2007, Médiathéque de Graulhet - 2008 et Mairie de Graulhet - 2010
- Les 10 ans du CRAJEP, exposition à l’Hôtel de région Midi-Pyrénées.
Commande photographique du CRAJEP - 2006
- 500 éme anniversaire de l’église des Minimes Toulouse. Commande photographique - 2003
- Commémoration du centenaire du peintre Toulouse Lautrec au Musée Toulouse Lautrec d’Albi de 2001 à 2002.
Commande du Conseil Général du Tarn

Intervenant sur projets pédagogiques
- Commémoration des grèves de 1910 à Graulhet. Mémoire ouvrière, projet de la mairie de Graulhet avec
le FJT Léo Lagrange, le LP Clément de Pémille. 2009-2010
- Atelier de photographie argentique sur un projet local avec le Foyer Léo-Lagrange, à Graulhet. 2002-2010
- «Se souvenir pour grandir», intervenant pédagogique sur la composition et le regard en photographie, auprès
d’enfants de 5-6 ans, école Édouard Herriot à Albi. 2001-2002 projet PAC
- Portraits d’animaux de la ferme avec des 10-12 ans au CLAJ de Mazamet. 2001

TARN : Une exposition de Pierre Assémat et Thierry Pons
LaDepeche.fr | 20 Décembre 2001 | LaDepeche du midi

Chaque année, Donatien Rousseau propose une exposition de photographies sur un thème particulier.
Cette année, il a choisi la commémoration du centenaire de la mort de Toulouse-Lautrec comme axe de travail fourni à deux jeunes photographes. Pierre Assémat d'Albi et Thierry Pons de Rabastens ont rendu leurs copies.
Le résultat est visible sur les cimaises de la salle Choiseul, au palais de la Berbie. Il est repris sur un livret raffiné qui tient lieu de catalogue, avec le mot de Thierry Carcenac, président du conseil général et du syndicat mixte d'aménagement du musée Toulouse-Lautrec, et le commentaire de Danièle Devynck, conservateur en chef du musée. Les amateurs d'art et de photographies ont à coeur de conserver ces traces, comme autant de subtils documents.
Pierre Assémat, dans de grands formats, capte la part d'intemporel des collections du musée, utilise l'architecture du palais, met en perspective des personnages pour faire vivre les images. Là où Lautrec travaille les applats, Assemat apporte du relief pour donner mouvement au gant noir, au salon de la rue des Moulins, aux cancanières. La construction est aussi bien campée que le palais de brique, les renvois sur les personnages des tableaux très lisibles, comme la buveuse d'absinthe, en ombre chinoise sur la terrasse. Les techniques japonisantes, les thèmes chers à Lautrec sont repris par le photographe. Comme si les personnages peints par Lautrec venaient hanter les jardins. Comme si, la nuit, les fantômes des tableaux venaient habiter l'espace.
TOUJOURS D'ACTUALITE
Thierry Pons, lui, a promené son objectif à Malromé le 9 septembre, jour de la commémoration de la mort de Lautrec dans le château de sa mère. Pour être un reportage d'actualité, il n'en est pas moins empreint d'une grande charge poétique. Les temps forts de ce centenaire sont saisis sur le vif. De la somptueuse danse des voiles de la Loïe Fuller, la coquine Grisette, à Claude Nougaro dans un halo lunaire. La création de Richard Massoutier pour la circonstance donne lieu à des renvois théâtralisés de Malromé jusqu'au musée. Les attitudes se répondent avec malice. La grâce des atmosphères chères à Lautrec est omniprésente. A un siècle d'écart, ces deux jeunes photographes font rejaillir, en noir et blanc, le sens de la fête du peintre qui adorait la couleur. Ils donnent à voir sa fantaisie mêlée de gravité. Mieux que dans un miroir, ils captent l'essentiel. Leur pellicule révèle ce qui fait de Lautrec un artiste toujours contemporain.
Espérance GIRAL.