Isabelle Leroux

Il est difficile de définir une production artistique, sans la limiter ni abuser des courants plastiques.
Modestement, ma peinture et mes collages ne visent qu'à exprimer qu'une subjectivité et à laisser libre cours à mon imaginaire. Il s'agit de traduire des émotions profondes, intimes et passagères, allant de la joie la plus lumineuse à la colère la plus noire. Comme il est question de vie, le mouvement reste prégnant ( vent, liquidité, voilages, personnages pris dans leur élan ... ). J'ai spontanément opté pour la présence de corps humains car il me semble que le geste dansé exprime intensément le ressenti et met en branle toute la personne humaine. La priorité n'est pas le réalisme des corps, mais l'évocation de ceux-ci. Pervertir la couleur des chairs et la courbe des membres permet de rendre visibles des sentiments qui s'expriment souvent en terme de teintes dans notre univers mental : voir la vie en rose n'est pas la même chose que de la percevoir en vert !
Aux confluents de la danse contemporaine dont je m'inspire et de la peinture symboliste, j'utilise chaque médium ( huile, acrylique,textes poétiques dactylographiés, verre, céramique, végétaux ... ) en fonction de la qualité du message à transmettre : une huile au couteau pourra être plus violente qu'un lavis d'aquarelle, par exemple. Afin de faire corps avec le travail en cours, je m'enferme parfois dans un monde musical qui renforce la tonalité de la toile et ainsi influence le choix des couleurs, des formes, et du médium.
Bien que je ne croie pas qu'il existe une représentation universelle de l'émotion, le fait que d'autres êtres se reconnaissent dans mes oeuvres me conforte dans la voie que j'ai choisi, en cela qu'elles leur permet, à eux aussi, par projection, d'extérioriser une douleur ou un bonheur indicibles.