Added Oct 6, 2018
Hello les "Culture sans frontières", dans la série nos jeunes ont du talent, voici pour vous FEKIR DJILLALI DJAFER, dit "Djilou" amicalement par moi. Natif d'El Bayedh, il étudie à l'Ecole des Beaux Arts de Mostaganem. A la fois plasticien et graphiste, il réalise sur commande une grande fresque dans cette même ville ou il est chaudement félicité mais ou on oublie sciemment de le rétribuer.Son impertinence alors et son son aversion pour l'injustice ne font qu'un tour dans son sang. Son rejet des abus le gagne d'ailleurs dés son plus jeune âge. Il apparaît ainsi dans son travail de façon tantôt allégorique, tantôt directe mettant en valeur une réalité crue avec tout ce que cela comporte comme cynisme stylistique. Tel "Don Quichotte de la Mancha", voici un jeune étudiant désemparé qui se bat tout seul contre un haut dignitaire de la culture qui a détourné les fonds de la fresque pour sa propre personne. Cela pose donc les bases fondamentales de l'esprit qui règne chez nous notamment chez les hauts dirigeants. Détournements, vols, mensonges, tout y passe. Nous sommes en présence de David contre Goliath.
Pour cela, Djilou va se servir de la seule arme dont il dispose pour l'heure. Son Art. Sa façon de s'exprimer va être à la hauteur de la "hogra" subie. Dans "Le Cadre vide", voici un hommage au cadre supérieur de la culture, qui est en réalité vidé de sa substance artistique pour dénoncer le vide abyssal de ses personnes au pouvoir nommés sans compétence aucune pour ce domaine. Sans parler que suite à cela, un ordre parvenu d'en haut à son propre directeur des Beaux Arts entonne de lui flanquer avertissement, blâme et conseil de discipline. Et c'est supposé éduquer nos futures élites. Plus grave encore, Djilou est menacé particulièrement dans le contenu même de son travail. L'emploi de l'écriture berbère dont il aime allègrement mêler "Tifinagh et Tamazight lui a été intimement interdite de fresque et reproché pour cause que nous sommes Arabes?????
Voilà un constat malheureusement qui nous conforte dans la dérive totale du pays vers un wahabisme envahissant ou on supprime à un artiste tel que Djilou de revendiquer son identité berbère. Sa quête de notre identité diluée dans un panarabisme ne fait que renforcer sa détermination à dénoncer et multiplier les actions notamment en créant un groupe de jeunes talents nommé "El FOQR ART", une sorte de Arte Povera qui met en relief la totale non considération de nos artistes et à leur place inexistante.
Pourtant ce jeune militant a de multiples savoir-faire. Il a déjà participé à maintes expositions en Algérie, au Maroc, récolté moults prix pour sa calligraphie, ses fresques murales, et ses toiles. Sans parler de toutes les interventions impressionnantes auxquelles il était convié à débattre. C'est pourquoi on est en droit de se demander mais ou est "Le Loup"? qu'arrive-t-il à ce pays pour dénigrer ainsi et ce depuis des décennies ses propres artistes qui demeurent aujourd'hui le rare rempart contre un obscurantisme envahissant, une non-culture du vide, une identité importée d'ailleurs. Pourquoi vouloir à tout prix occulter nos ascendants berbères et notre diversité.
Dans sculpture "Chitta d'Or" l'impertinence bénéfique de Djilou frappe encore en figurant une simple brosse peinte posée sur un socle tel un trophée, un oscar en hommage à tous les "lèche culs" qui se bousculent. Dans "l'Art face à la violence extrême"ou la main tendue rouge d'un "J'accuse" de Hugo se mêle dans un méli mélo de mots croisés évoquent l'autre fléau social mais néanmoins d'actualité mondiale "La violence brutale".
Pourtant voilà un jeune talent prometteur qui se veut intègre et vrai avec lui même qui refuse de se faire happer par la médiocrité ambiante.
Inlassablement son travail le mène d'une façon ou d'une autre à la quête de son identité et à se réapproprier son usage, un voyage qui part de son imagination vers cette recherche à travers les hommages qu'il rend à nos maîtres tel que Issiakhem.
Dans "El Gouba", ce mixe constitué du montage des lettres berbères qui s'imbriquent dénonce à la fois la superstition aveugle et valorise son saint "Sidi Hadj Bouhafs". Son oeuvre tente de reconquérir dans sa ville d'El Bayedh l'espace public envahi par la superstition pour le remplacer par un contenu plus artistique. Son sentiment que l'artiste n'a point sa place le rebiffe. Ainsi pour le citer: "L'Algérie=l'homme droit à l'endroit inapproprié." Avec ses mots simples mais néanmoins chargés de beaucoup de sens, il est une figure emblématique de toute une jeunesse et me fait penser à " Erin Borcovic seule contre tous". Qu'il soit encouragé pour tout ce travail accompli.
A bientôt Schuss!!
I HATE ART·VENDREDI 9 JUIN 2017