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Caroline Regnaut

Back to list Added Dec 12, 2019

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Françoise Regnaut (présentée par Caroline Regnaut), L M – Poèmes et souvenirs, Éditions Toiles & poèmes, 2019, 270 p.

 

Les œuvres poétiques LM, Alleluya et Deus absconditus rassemblées dans cet ouvrage forment le testament littéraire de Françoise Regnaut, une œuvre brève mais dense et brûlante, d’une écriture aussi juste qu’un rayon laser traversant les millénaires, colorée, musicale, lumineuse. Gardés secrets, ces textes ont été soigneusement préparés pour une éventuelle édition posthume, à l’attention de ses descendants. Et au-delà, cette œuvre a une portée qui échappe à un contexte personnel et familial.

Après avoir présenté les ancêtres de Françoise Regnaut (1935-2009) et éclairci quelques secrets de famille (dont une noble miraculée de la guillotine), sa fille raconte brièvement, photos à l’appui, l’enfance de l’élève brillantissime (sévrienne agrégée de lettres classiques), sa vie avec son mari l’écrivain poète Maurice Regnaut (avec une chronologie qu’elle a rédigée de leur correspondance de 1956 à 1963, et quelques extraits), son engagement syndical au niveau national, les facettes de ses talents artistiques, et la surprise de sa fin de vie.

Avoir été la muse d’un poète a pu faire taire longtemps le don de Françoise Regnaut pour l’écriture. Pourtant, elle revendiqua ses trois œuvres poétiques et le journal de la mort de sa mère (Un ballon de roses). Elle comparait son œuvre à celle d’écrivains d’œuvres courtes, qui ont peu écrit mais des textes forts où ils ont tout dit : « La voix de Rimbaud, pourquoi sonne-t-elle juste ? Parce qu’il ne veut pas être un écrivain. » Elle n’avait aucune prétention à être éditée ni même à être lue par nul autre que Maurice, qui salua leur qualité : « C’est tellement incroyable, cette écriture, oui, tellement à se frotter les yeux, cette façon d’être une fille de Grèce au siècle de l’avion et de l’examen histologique! C’est disons désarmant, au sens fort, mais je dois l’avouer, j’ai lu et relu, c’est émouvant, c’est fascinant, c’est beau. »

 

Début de LM

« À la verticale, veilleuse de l’an nouveau, entre rêve et réalité, tandis que se mêlaient encore l’ombre indécise et le demi-jour, partagée entre le vertige qui miroite au fond de la faille et la fascination du trait de lumière, le cœur battant devant l’irréversible, j’ai jeté le filet très loin vers la grande énigme mouvante.

La joie, oui la joie, je l’ai reçue en retour, immense pont jeté à travers l’espace et le temps vers cette clarté si vraie, qui n’était donc pas la larme d’un rêve et m’a menée où vous parler.

Quoi ! Fallait-il, tous les dés depuis longtemps jetés, s’enfoncer jusqu’au bout du silence et la bouche pleine de sable perdre à jamais l’heure de l’intense merci ?

J’ai osé rompre un silence très ancien. »

Artmajeur

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