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Corinne Dubosque

Retour à la liste Ajouté le 31 mai 2015

Expo du droit des Femmes à Pontault Combault .

Numéro de mars 2015.Ville de Pontault Combault - Portrait

Corinne Dubosque : l’encre dans la peau
Cette tatoueuse au franc parler milite pour que le tatouage soit reconnu comme
discipline artistique. Dans son salon Paradise Tatoo, situé à Le Plessis Trévise
(94420), elle expose aussi ses peintures.
Les manches légèrement remontées de son pull laissent apparaître, à l’intérieur de son
poignet droit, un crayon à papier, avec, au bout de la mine, une flaque de sang. Les
attentats de Charlie Hebdo, le 7 janvier dernier, ont laissé une trace sur le bras de Corinne
Dubosque. « C’est le dernier que j’ai fait, confie-t-elle. Référence à la liberté
d’expression. » Un principe qu’on sent cher à cette cinquantenaire qui parle sans filet avec
une gouaille étonnante.
Cela fait vingt ans que Corinne Dubosque tatoue. Installée à Pontault-Combault depuis
2006, elle a ouvert son premier salon de tatouage à l’age de 30 ans, à Melun.
Cette perfectionniste au débit de parole incroyable file aux Etats-Unis se frotter aux
pointures du métier. C’est là-bas, qu’à 31 ans, elle tatoue, lors d’un concours, un portrait
de Jimmy Hendricks sur un mollet qui lui vaut un prix derriere Kari Barba, l’une des
meilleurs Artiste Américaine de la profession.
Bosseuse, Corinne Dubosque refait systématiquement le dessin que lui soumet chaque
client. « On l’oublie souvent mais un bon tatoueur est avant tout quelqu’un qui sait
dessiner. Elle vérifie également que le futur tatouage soit « adapté à la partie du corps que
le client a choisi pour le porter». « Il ne faut jamais oublier que la peau va vieillir et les
lignes du dessin se distendre. » En 20 ans de métier, elle a vu le profil des tatoués
changer : « Pendant longtemps, le tatouage ne se montrait pas. Aujourd’hui, si on pouvait
l’avoir sur le front, ce serait idéal », ironise-t-elle.
Le tatouage, et le dessin l’amènent à s’intéresser à la peinture, à l’histoire de l’art, et ses
tatouages reprennent les maitres de la peinture pour quelques clients, afficionados du
tatouage, à qui elles propose à la place des motifs traditionnels et convenus ; des
estampes d’hutamaro ou d’hokusai, le projet de la copie d’un Caravage dans un dos, un
Rustin sur un bras, le projet d’un Velikovic sur une jambe, ce qui répond à son besoin
d’ouvrir encore son langage artistique. Poursuivant cette recherche, elle découvre dans la
peinture abstraite, un langage qui dépasse le dessin, et qui ouvre de son travail d’artiste
sur quelque chose de plus poétique ; vers une d’expression plus libre.
!
Elle s’intéressait à la peinture, depuis longtemps, et il y a un et demi, en croisant une
toile du Chinois Wang Yan Cheng, fascinée, elle décide de franchir le pas, et elle travaille
d’arrache-pied sur les différents projets de paysages mentaux, découvre un langage qui
vient compléter son univers. Vite, sa peinture est appréciée, ce qui fait que le marché de
la peinture attribue une côte à ces travaux. Plusieurs de ses tableaux aux tons ocre et
bruns ornent les murs de son salon de tatouage. Alors Cotés, certains de ces travaux valent
plusieurs milliers d’euros. Pourtant, Corinne Dubosque ne s’est toujours pas faite à l’idée
qu’ils puissent valoir autant. « Une fois que je les ai faits, que j’ai pu m’exprimer librement, un travail aux antipodes de la
précision et de la concentration du tatouage. Pour moi,c’est l’expression d’un instant, c’est éphémère». Drôle de confidence pour une tatoueuse
dont les dessins sont indélébiles.

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