Caron

C U R R I C U L U M V I T Æ
Réjean Caron
Marie-Andrée Deschênes, agent pour Réjean Caron
Trois-Rivières (Québec) Canada
819.840.7725

PRINCIPAUX COURS

Georgette Cazes
Cours de dessin et de peinture

Marie Lubis Perron
Dessin et peinture

Maurice Domingue
Aquarelle

Frédéric Conti
Dessin expression corporelle

Recherche sur l’histoire de l’art


AUTRES ACTIVITÉS PROFESSIONNELLES

2003 : Performance, spectacle bénéfice, Les Belcourtoisies
1996 : Décor de théâtre, Polyvalente Jean-Nicolet, Nicolet
1996 : Performance, avec Jean Brassard, auteur interprète, Café-bistro Allégria Nicolet
1996 : Performance, peinture en direct, Nord-Ouest Café, Trois-Rivières
1995 : Performance Grand Chiard, avec Jean Brassard, auteur interprète, Théâtre Belcourt, Baie-du-Febvre
1995 : Performance, collecte de fonds pour la sauvegarde du moulin de Saint-Léonard-d’Aston
Bistr’Art, Saint-Léonard-d’Aston
1995 : Performance, Embuscade, Trois-Rivières
1994 : Performance, avec Jean Brassard, auteur interprète, Salon des arts, Trois-Rivières-Ouest
1994 : Performance, avec Jean Brassard, auteur interprète, Symposium de peinture, Nicolet


PRINCIPALES EXPOSITIONS INDIVIDUELLES ET DE GROUPE

2000 : Café Bistro Allégria, Nicolet
1999 : Bistr’Art, Saint-Léonard-d’Aston
1999 : Maison de la Culture, Trois-Rivières
1998 : Galerie Harrison, Montréal
1998 : Collège Laflèche, Trois-Rivières
1997 : Maison Rodolphe Duguay, Nicolet
1997 : Pavillon Hôtel des postes, Victoriaville
1996 : Centre Culturel, Drummondville
1996 : Pavillon Hôtel des postes, Victoriaville
1995 : Galerie d’Art du Parc, Trois-Rivières
1995 : Moulin Seigneurial de Pointe-du-Lac
1995 : L’Embuscade, Trois-Rivières
1994 : Salon des Arts, Trois-Rivières-Ouest


PRINCIPALES EXPOSITIONS INDIVIDUELLES ET DE GROUPE (suite)

1994 : Symposium de Nicolet
1991 : Centre Culturel, Trois-Rivières
1989 : Musée Laurier, Victoriaville
1988 : Galerie du Fleuve, Trois-Rivières


BIBLIOGRAPHIE

1997-1998 : Marc de Roussan
1996 : Peintre du Québec
1995 : Répertoire culturel, Trois-Rivières
1993-1994 : Peintre du Québec
1993-1994 : Le guide Vallée – page 287
1992-1993 : Jacques de Roussan
1989 : Le guide Vallée – page 114


JOURNAUX

1999 : Le Nouvelliste, Trois-Rivières
1998 : Le Nouvelliste, Trois-Rivières – Publi-reportage
: Le Nouvelliste, Trois-Rivières
: Courrier-Sud, Nicolet
1996 : L’Express, Drummondville
1995 : Le Nouvelliste, Trois-Rivières
: Courrier-Sud, Nicolet
1994 : Courrier-Sud, Nicolet
1991 : Le Nouvelliste, Trois-Rivières
: Le Nouvelliste, Trois-Rivières
1988 : Le Nouvelliste, Trois-Rivières
1988 : La Gazette populaire, Trois-Rivières

QUAND ON S’APPELLE CARON
OU
L’AU-DELÀ DE L’ÊTRE

Réjean Caron nous invite à une exposition magnifique, magique et intensément bouleversante. Il faut évidemment la voir dans l’entier et le détail, mais surtout la lire comme une œuvre d’une grande profondeur, qui ouvre sur l’au-delà et l’en-deça, tout à la fois.

Tout d’abord, les couleurs. Elles nous attirent comme autant de reflets de soi, balayés par la luminosité de l’espace et du temps. Tous ces bleus, ces verts, ces bruns rouges sont couleurs de fêtes foraines, de danse et de moissons. Couleurs enfantines aux allures de casse-tête, elles nous parlent de la perte et d’un retour au pays familier : ce temps de nous qu’on croyait à jamais évanoui.

Ensuite, les personnages. Immobiles et fiers. Protégés du temps et de l’espace. Ils attendent, armés de boucliers, arme passive, défensive et protectrice. Ces personnages représentent l’univers humain, par opposition au monde animal auquel ils sont d’ailleurs toujours confrontés, accompagnés tantôt de chiens ou de coqs, figures symboliques par excellence, animaux psychopompes, sacrifiés par les hommes vivants pour protéger les morts.

Nous voyons déjà que chez Caron s’inscrit clairement le désir d’une évolution intérieure, la quête de cette évolution. Absolue, permanente et définitive. Beaucoup de spiritualité, mais aussi un isolement quasi permanent.

En effet, chacun des personnages est tout d’abord identique à lui-même, mais d’avantage et surtout isolé de l’autre. Comme si Caron, ce poète des couleurs, voulait faire sentir que le dépassement de soi vers l’ailleurs, l’au-delà et l’en-soi, ne pouvait et ne devait se faire que dans une infinie solitude. L’entreprise est donc tout à fait mystique et moyenâgeuse (ce que viennent confirmer certaines dorures), à la fois par la présence des boucliers et l’habillement des personnages. À juste retour témoigne d’ailleurs très bien cette réalité.

Ce qu’il y a d’essentiel, donc, dans le message si émouvant lancé par Caron, se traduit toujours en termes de lignes qui séparent, divisent, isolent (Pour anticiper les événements, L’essence même d’une peuple).

Ces lignes-signes, quasi cabalistiques et hiéroglyphes (Vision et Passion, Élégante et désinvolte version) balbutient, tentent de dire ce qui, toujours, demeure hors d’atteinte. Pour Caron tout semble se jouer dans une lente mobilité du temps de l’homme, ce temps parcellaire et fragmenté.

Et tout à coup un point d’interrogation se glisse, comme un point d’intégration, au cœur d’un tableau (la liberté dans l’égalité), soulignant que la réponse se trouve toujours dans la question et qu’il faut à l’homme beaucoup de courage pour s’affronter, s’affranchir à la fois de la distance et de la pesanteur, se dépasser.

En ce sens, la flèche joue ici un rôle de tout premier ordre. La présence des cloisons et boucliers se trouve en effet amplifiée par celle permanente de la flèche. Les personnages même se voient transfigurés par elle.

Or, la flèche est signe, outil et instrument. Comme le coq, présent dans plusieurs tableaux, elle introduit la lumière. Elle est l’espoir de l’homme. Lui indique la direction à suivre. À l’instar du poète, Caron nous laisse entendre qu’il faut aller « un peu plus haut, un peu plus loin, (…) encore plus loin, (…) voir comment c’est là-haut ».

La flèche est symbole de ce dépassement plus que tout désiré. Sa rectitude aérienne et sa permanence rendent encore plus évidente l’immobilité de l’homme. Prisonnier de la terre, du temps et de la mort, il doit donc « combattre » (boucliers et flèches le servant dans cette tâche), « engagé de tout (son) être dans la dialectique de l’abîme et des sommets » (Bachelard).

Paradoxalement au silence de l’homme, les animaux assument les nécessaires mouvements du vivant. Psychopompes (conducteurs des âmes des morts), ils prennent en partage la mouvance des ténèbres à la lumière. En effet, invariablement ils montent vers l’est, là où le soleil-lumière se lève, et ils descendent vers l’ouest, là où meurt le jour. L’ouest est ainsi ce point de chute grâce auquel tout peut toujours recommencer, dans un cercle infini, celui parfait d’un temps lui-même si imparfait. Au jour succède la nuit qui ramène le jour dans son sillage. (Au-delà des gestes, Nécessaire à l’événement, Pour éviter les drames).

On ne peut quitter l’œuvre magnifique de Caron, cette œuvre qui nous ouvre à nous-mêmes, sans remarquer la présence insistante des cercles et des carrés. Dans l’univers symbolique le cercle appelle le mouvement parfait, sans commencement ni fin, la spiritualité et le ciel. Le carré propose une certaine idée de stagnation. Il est la terre, l’homme. « Le carré et le cercle sont absolument beaux en soi » (Platon).

Or, dans Caron, nom du peintre, ne trouve-t-on pas l’alliance, la synthèse et la condensation exacte du carré et du rond? (Carré-rond = Caron). Tout se passe donc comme si l’artiste portait en lui la genèse même de son devenir, ce vers quoi il tend si intensément et de façon terriblement émouvante.

L’exposition de Réjean Caron s’avère un pèlerinage exceptionnel au cœur de l’homme, elle invite à l’introspection, ce moment privilégié d’une rencontre avec soi, cette mobilité tout immobile par laquelle l’homme peut enfin s’affranchir de sa condition terrestre.

Christiane Asselin