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Briga

Retour à la liste Ajouté le 25 oct. 2010

Démarche artistique

La peinture est le médium le plus approprié à ma démarche, le dénominateur commun à toutes mes réalisations.
La question qui me préoccupe le plus aujourd’hui est le « comment faire », la manière d’employer tels matériaux, telles méthodes, tels concepts pour « faire ». Mon choix délibéré se tourne vers le « faire » manuel car j’éprouve un réel plaisir à me confronter à la dimension tactile des choses, à avoir une relation plastique aux matériaux et à m’engager dans une véritable activité proprioceptive. Cela ne participe pas pour autant à la seule définition de l’art.
Je ne cherche pas à m’enfermer dans un « style » bien que mon parcours soit jalonné d’un certain nombre de références, d’influences. Mes peintures varient en fonction du « quoi » peindre.,. Elles sont par contre toujours une réponse à un besoin, besoin d’exprimer des sentiments, des émotions, des idées face à un environnement naturel, artistique, littéraire, médiatique, besoin d’exprimer une personnalité au moyen de la touche, de la matière, du geste.
Et l’avant ? Le cheminement est toujours long et difficile, douloureux parfois mais la réalisation délivre de ces tensions et consiste à attaquer la toile. « Ce que j’aime, dit Hans Hartung, c’est agir sur la toile ». Je peins sur des formats de toutes dimensions mais je délaisse volontiers le chevalet pour peindre de grands tableaux. Rothko dit : « Peindre un petit tableau c’est se placer en dehors de sa propre expérience, c’est regarder une expérience comme dans un appareil à effet stéréoscopique ou la contempler à travers un verre rétrécissant. De quelque manière qu’on peigne un grand tableau, on est à l’intérieur. Ce n’est pas quelque chose qui se commande. » Comme Rothko, Pollock, j’aime me sentir à l’intérieur du tableau. Mes peintures n’ont pas de centre, de perspective et ne se plient pas à la hiérarchie fond/forme. Je suis une adepte du « all over ». Ces considérations me rapprochent des principales figures du mouvement américain, l’Expressionnisme abstrait : Pollock, Rothko mais aussi De Kooning qui a su s’attaquer dans sa série « Women » au concept culturel de la femme, Motherwell dans les « Elégies » à la mort qu’il ne faut pas oublier, ou encore Cy Twombly, Rauschenberg, Ryman…On ne peut non plus rester insensible, en Europe, à Soulages dont le sujet le plus profond reste l’espace et la lumière, à Tapies dont le tableau se fait sédiment et « suggestion de la réalité », surface « pauvre » chargée au propre comme au figuré de mémoire et d’histoire et à Yan Pei Ming qui ne cessera entre l’ « identifiable » et le « non identifiable » d’interroger les valeurs fondamentales de l’identité.
L’acte de peindre m’oblige à me situer par rapport au monde extérieur. Comme vous l’aurez compris, il ne s’agit pas, pour moi, de représenter la réalité du monde extérieur mais plutôt de manipuler des formes, des couleurs, des matériaux et d’atteindre le plus grand nombre de combinatoires possibles. Je ne cherche pas à arrêter le regard du spectateur devant une image figée, un produit fini mais espère lui donner l’envie de laisser libre cours à son imagination, à ses souvenirs, à ses projections.
La peinture est en interdépendance avec un lieu, un environnement. Il est donc important de s’interroger sur l’opportunité de la place d’une œuvre dans son contexte. Si certaines réalisations s’intègrent bien dans des lieux « institutionnels », d’autres prennent toute leur signification en dehors.
La peinture doit aussi s’imposer dans l’espace public. Elle se place, dans ce cas, hors des murs de « l’institution » pour interpeller, pour interroger le spectateur sur la place aujourd’hui de l’art et de l’artiste dans notre société
Il est plus que jamais difficile de donner une définition précise de la peinture aujourd’hui. Si certains, attirés par les nouvelles technologies, ont jugé ce médium rétrograde et désuet, il s’avère que beaucoup d’artistes travaillent aujourd’hui à la frontière de plusieurs disciplines et produisent une œuvre qui associe le plus souvent peinture, sculpture, vidéo ou même installation. Mais tous, à un moment ou à un autre, recouvrent une surface de pigments. Je pense avec Valérie Breuvart que : « Si la critique a, ces dernières décennies, souvent annoncé la mort de la peinture, rien ne semble aujourd’hui plus improbable ».
La peinture a donc, aujourd’hui, au même titre que d’autres pratiques artistiques, son rôle à jouer. Elle doit amener le spectateur à questionner la réalité ou au contraire à s’en évader pour appréhender des réalités plus personnelles ou davantage plurielles.
L’art et en l’occurrence la peinture peuvent aussi être exploités dans un processus de soin ou d’assistance aux personnes malades, handicapées, souffrant de troubles psychologiques et/ou physiques ou ayant des retards dans les acquisitions et le développement de leur personnalité. Cette exploitation de l’art, en art-thérapie, est complémentaire de ma recherche personnelle : elle me permet de partager avec d’autres plus démunis ma passion de la peinture et de les aider à donner un sens à leur existence.

Artmajeur

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