Antonio Zamariola

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96 - Ysopet

Je vois la fin de mon Abézédaire se profiler et pourtant j’ai l’impression d’avancer à reculons. Sans doute que les dernières lettres m’inspirent moins. Allez savoir.

En lisant un ouvrage au « petit coin » ou « lieu d’aisance » -bref aux chiottes- je tombe sur Ysopet. Tomber dessus, vous me direz, ce n’est pas vraiment l’endroit approprié. La faute en revient à ce petit ouvrage délicieux qui trône sur l’étagère entre le rouleau de PQ et deux peintures indiennes. Edition Le Robert - j’ai un faible pour le lettré Alain Rey. Objectif : ressusciter de drôles de mots. Tâte-au-pot, agrypnie, kakistrocratie ou autre rétifisme. Ce ne sont pas des injures du capitaine Haddock mais le plaisir est le même.

Au début, mon cerveau a prononcé « Ysopète » naturellement. Ça me dessinait déjà un semblant de sourire. Mais non. Après vérification, le T final reste muet. Ysopet a pour origine le fameux fabuliste grec Esope. Qui eut de nombreux imitateurs. Et qui a beaucoup inspiré notre La Fontaine national. « Le corbeau et le renard » par exemple est classé dans l’Ysopet Oiseaux ou Mammifères. Ce recueil de fables comporte une morale à partir de laquelle il est aisé de philosopher.

Les Ysopets, il y en eut des tripotées au Moyen-Age. Plus tard, l’on doit à Eric Losfeld de « Endetté comme une mule », des mémoires « gai[es] comme un pensum » (autre titre délaissé). Il raconte l’histoire de cet oiseau mort de froid et de faim qu’un bœuf recouvrit de bouse sans l’écraser. Cette couverture chaude inattendue lui sauva la vie et il se mit à chanter mais un loup affamé l’entendit et le mangea.

Trois moralités à cette histoire. 1. Ce n’est pas ceux qui vous mettent dans la merde qui sont vos ennemis. 2. C’est que ceux qui vous retirent de la merde ne sont pas toujours vos amis. 3. Et enfin, quand on est dans la merde, on a intérêt à ne pas chanter.

Vous avez quatre heures pour méditer....

 

L’oiseau et le loup signé Antonio Zamariola.