Ajouté le 1 janv. 2014
Presse Nouvelle République 27 décembre 2013- Deux-Sèvres - Double vie
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Les huiles essentielles de " Monsieur Déchets "
Quand il ne dessine pas des déchetteries, Patrice Butel immortalise des mers d’huile. Le directeur du Smited lève le voile sur son jardin secret, la peinture.
Peintre amateur enregistré à la Maison des artistes de Paris. Légère hésitation devant l'étiquette apposée sur la boîte aux lettres de Patrice Butel. Pourtant pas de doute, nous sommes bien au domicile du directeur du syndicat mixte de traitement et d'élimination des déchets (Smited). Qui sait que derrière celui que l'on surnomme parfois « Monsieur déchets » se cache un peintre amateur de talent ?
Lorsqu'il n'est pas dans son bureau voisin des murs de tôle de l'usine de tri mécano-biologique de Champdeniers où transitent chaque année plus de 50.000 tonnes de déchets ménagers, Patrice Butel est dans son atelier installé au fond de son jardin, à Saint-Christophe-sur-Roc.
" C'est ma drogue ! "
C'est ici, entre les vélos de la petite famille et les outils de bricolage, à la lumière d'un projecteur et avec la radio pour compagnie, que le professionnel arrête le temps et s'adonne à sa passion : la peinture. Chaque week-end ou presque, c'est le même rituel : « Le matin, je fais tous les fonds de toile. L'après-midi, je travaille la matière et la profondeur. » Ici une touche de blanc pour les nuages, là du noir pour les rochers.
Toujours à l'huile. Une technique que Patrice Butel le pastelliste a découverte il y a une quinzaine d'années. Depuis « l'espèce de bouquet de tulipes » des débuts, le couteau a pris de l'assurance. Et le loisir du début est devenu un besoin presque compulsif. « Je l'avoue, c'est ma drogue ! » lance-t-il dans un rire.
Résultat, les toiles s'accumulent dans la maison. Des mers d'huile, des phares dans la brume, des mâts symétriques, les tours de La Rochelle… Car s'il est un paysage dont ne se lasse pas cet amoureux de la Bretagne où il aime tant jeter l'ancre, c'est bien celui de la côte et sa palette de couleurs changeantes. « L'île de Sein, je peux la faire quinze fois, ce ne sera jamais la même. »
Hyperréalisme, contemporain, cubisme, abstrait : Patrice Butel s'aventure dans tous les styles. Et ça plaît. Sur « Art majeur », une galerie d'art en ligne qui regroupe plus de 70.000 artistes, ses toiles trouvent acquéreurs un peu partout en Europe, mais aussi aux Etats-Unis, en Amérique du Sud, en Chine ou en Australie… et ce parfois même avant que la peinture ne soit sèche. « Un plaisir et un jeu », relativise le peintre.
" Je suis un barbouilleur et je le resterai "
Aucun risque de faire enfler les chevilles de cet autodidacte à qui l'on a plus souvent demandé des dessins techniques de déchetteries. « Je suis toujours surpris et heureux. Ça m'émeut quand quelqu'un me dit qu'il aime ce que je fais et qu'il me remercie. Ça m'incite à persévérer. Mais je suis un barbouilleur et je le resterai. »
Un tableau de rêve pour ses vieux jours ? Ouvrir une petite boutique au bord de la mer. Et laisser courir le crayon sur le carnet de croquis et le pinceau sur la toile. Sept jours sur sept.
« Double vie » : une série de portraits à suivre dans nos colonnes jusqu'à la mi-janvier.
Nolwenn Pareige, Journaliste NR Niort