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Maryse Curinier-Rochette

Terug naar het overzicht 11 dec 2021 toegevoegd

Quand l'artiste peintre s'essaie à l'écriture.... (ou: la permanence )

Rue François Valleton, Aubenas, France (et Mariac!)

zaterdag 11 december 2021
zaterdag 11 december 2021

Quand l'artiste peintre s'essaie à l'écriture.... (ou: la permanence )            

                   

J'avais commencé ce texte pour l'Arbre Vagabond, et je n'avais ni envoyé ni même seulement terminé ma participation. Mais je viens de retrouver ce texte inspiré de mon vécu. J'ai aimé le relire, je me suis fait rire, alors je vous laisse découvrir les coulisses des expositions d'associations de peintres....

La serrure céda enfin.

Ouf ! Je me sentais ridicule à la longue, à rentrer la clé à fond dans ce méchant petit trou, tenter de tourner et bloquer contre un je-ne-sais-quoi irritant, ressortir la clé, la placer précautionneusement à mi-course, tenter de tourner, et même souci, la sentir caler avant même d’avoir parcouru le moindre millimètre, la ressortir, la placer à l’aveuglette pour la faire tourner dans le vide cette fois, la rentrer encore, tourner dans l’autre sens, mais zut à la fin quel est le truc pour ouvrir cette porte, pourquoi est-ce que je n’arrive pas à me souvenir de ce qu’on m’a expliqué ! …

L’atelier exposition gracieusement fourni à notre association par la mairie a le mérite d’exister, mais il faut reconnaître que le local tout comme la porte qui permet d’y accéder n’est pas de la première jeunesse…

J’y suis ! Je traverse la grande salle pour trouver l’interrupteur, et une lumière parcimonieuse essaie sans conviction d’inonder la pièce. Un radiateur grille-pain se cache derrière le bureau mais je me dirige droit sur lui et sans scrupule je place le curseur à fond.

Je suis la maîtresse des lieux pour l’après-midi, mon royaume est vétuste, soit,  mais il est très bien décoré, et je suis la responsable de ses trésors jusqu’à ce soir.

 Dans cette rue passante qui mène au Château, deux vitrines attirent les touristes de passage comme les amateurs d’art éclairés. J’ai la responsabilité de veiller sur des œuvres d’art inestimables pour leurs auteurs.

 Les paysages arides et secs de l’Ardèche du Sud de Sylvie, les chemins, les prairies et les maisons enneigées du plateau de Jacques, les ponts de Venise de Annie, les danseuses longilignes de Marc, les arbres au printemps, en automne ou en hiver, les fleurs aux mille couleurs chatoyantes ou criardes de Maryse, le Moulin de Daudet, le trompettiste noir de Jean-Pierre, la danseuse de flamenco qui roule des hanches voluptueusement en soulevant -coquine- les larges volants de sa robe à pois de Denise, les visages ravinés des vieux paysans de Sophie rivalisant dans leurs clair-obscurs avec les photos de Claude Fougeyrol, les joues roses et rebondies des enfants rêvés de Josiane, les chairs blafardes des nues de Nicole, nues qui espéraient mieux (oui, j’ai écrit des nues et non des nus car il faut reconnaître qu’ici les femmes ont bien toute leur place et donc j’estime tout à fait légitime de féminiser ce substantif!), les tentatives d’abstrait d’une cinquantenaire qui s’est épuisée en mettant toute son énergie et son âme dans son œuvre, les traces plus ou moins violentes et plus ou moins spontanées d’action painting de cet homme aux cheveux noirs de jais serrés haut par un élastique, la ferme ardéchoise en granit de Lucie, les rues colorées de New-York de Thomas, et même le château d’Aubenas de Céline, les copies de Monet, de Modigliani, de Van Gogh, de Cézanne, de Rembrandt, de Séraphine de Senlis ou  de Picasso… Vous ne me croyez pas ? c’est pourtant la vérité, et…

Attendez, chut, je vous raconterai la suite après, j’aperçois à l’extérieur dans la calade deux visages aux yeux qui furètent pour mieux appréhender tout l’espace de mon petit musée… Une main fait cliqueter la poignée, ça y est mes premiers amateurs de peinture, potentiels acheteurs entrent !

- Bonjour Mesdames!

- Bonjour ! Bonjour !

Un sourire pour les mettre à l’aise, et les voilà qui s’enhardissent, allant jusqu’à passer devant chaque toile une à une, sans laisser paraître la moindre émotion. Je les suis du regard prête à intervenir… Là !... Je peux proposer d’éventuels renseignements qui leur seraient nécessaires.

- Vous avez vu quelque chose qui vous plaît ? Je peux vous aider ?

- En fait, on pensait que c’était Madame Martin, Yvette qui faisait la permanence, et on venait lui tenir compagnie.

- Ah oui c’est ce qui était prévu en effet, mais elle a eu un empêchement de dernière minute et m’a demandé de la remplacer. Elle viendra jeudi.

Au revoir ! Me voici seule à nouveau.

Cinq minutes, un quart d’heure, une heure...

Heureusement, j’ai amené un carnet et quelques crayons. Je cherche un sujet, une photo du vernissage de l’année précédente me suffira et me conviendra pour commencer le portrait d’un Elu qui avait lui aussi été de corvée cette année-là.

La poignée grince une nouvelle fois.

- Bonjour  Monsieur!

- Bonjour !

- Vous pouvez me montrer les toiles de Jacques S. ?

- Avec plaisir.

Et s’en suit l’éloge dithyrambique de ce grand peintre qu’est Jacques son ami, à qui il a déjà acheté de nombreuses toiles . Mais non, il ne va pas acheter celle-là aujourd’hui, il reviendra quand ce sera la permanence de Jacques.

- Vous ne voulez pas en profiter pour découvrir les œuvres des autres peintres exposants ?

- Oh ce n’est pas la peine, dans cette association, il n’y a que lui qui a un peu de talent.

Hummm… Et pan ! Moi qui était heureuse et fière d’avoir pu intégrer cette association ce début de saison…

Au revoir.

J’ai froid, mais rien à faire, le radiateur brûlant donne son maximum.

Je m’éclipse aux toilettes, je ne vais pas manquer un acheteur potentiel ?

Je me lave les mains sous l’eau chaude pour les réchauffer.

Allez, au travail ! Je reprends mes crayons.

...

Artmajeur

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