Marc Del Amo

Ceci est la lettre type que j'envoie en réponse à des propositions que je refuse avec véhémence. J'assure l'achat et l'entretien du matériel et de la force de travail. J'attends la réciproque du côté galerie.
Toutefois il me faut admettre une légère contrition à l'égard des adeptes d'Onan. Pour les besoins de la métaphore, certes facile mais diablement efficace, j'ai pu les offenser. Qu'ils soient de la dernière averse ou des neiges d'antan, j'implore leur pardon.
Le méfait :

«Tout d'abord, je tiens à vous remercier de l'intérêt que vous portez à mon travail. J'allais modestement vous féliciter pour votre bon goût quand il m' apparut cette chose vexante : ce n'est pas mon labeur mais la présumée intumescence de ma bourse qui vous faisait vous rapprocher de moi. Là, je ne vous féliciterai pas pour votre flair commercial qui, je dois l'avouer, ne m'encourage guère à envisager une collaboration financière avec vous. Je crois que votre prétendue galerie est à la peinture ce que le pet est à l'étron : du vent. La noblesse de la comparaison est à la hauteur de la trivialité de l'acte.

Vous œuvrez dans la location immobilière.

Et s'il y a de prétendus artistes prêts à payer une location de murs pour exposer, tel l'individu payant d'avance pour son plaisir, ils sont à la création ce que l'onanisme est à l'érotisme de ….
A bon entendeur, salut.

Et bien sûr, mais faut-il le préciser, tout mon respect, comme on dit dans ma cage d'escalier, aux agents immobiliers (quoique certains...) et mon admiration pour les artisans fabricants d'images.


Marc del Amo.

"La vraie vie, la vie enfin découverte et éclaircie, la seule vie par conséquence pleinement vécue, c'est la ...." MP

Tout sur ma démarche ?

Un peintre présente son travail. Il lui faut aussi donner des dates, des explications ou pire, des concepts.
Où l’on pourra utiliser le mot installation comme le corps médical utilise le terme de coït. On n’exclut pas l’amour, on n’en parle seulement pas.
Où l'on pourra imaginer que le travail ne se suffit pas à lui-même ou alors, que l’œil du regardeur n’est pas autonome.
L'entreprise est hasardeuse, dangereuse. Hier sous l’œil du commissaire l'artiste est aujourd'hui sous assistance médicale «grâce» au curateur...

Depuis quand…

Je pourrai avouer peindre depuis plus d’un demi-siècle, suivi d' un second aveu devant la perplexité des comptables : celui de laisser des traces pérennes depuis moins longtemps.
Voilà pour les dates.

Formation …

hétérodidacte.

Est-ce que ça représente quelque chose …

Question d'aveugle pour un métier d'aveugle !

Précisons une chose . Je ne peins pas d’après modèle. Celui-ci vient plus tard. Chacun sait que le tableau, le dessin existe déjà, le peintre, le dessinateur ne fait que le retrouver, le dévoiler, le capturer. Pour preuve, il suffit de regarder les peintres à l’affût dans leur fauteuil… et les voir si fiers de se faire photographier devant leurs tableaux…de chasse.
Et quand, par le plus grand des hasards la rencontre avec le modèle se fait l'émotion sera au rendez-vous, partagée.
Dans ce sens dire que les peintres sont au service de la peinture n’est pas seulement un cliché mais un lieu commun, cruel pour ceux qui revendiquent une prétendue paternité. A-t-on jamais vu un chasseur revendiquer sa progéniture dans la proie qu'il vient d'assassiner, je veux dire d'achever ?Lucide, il eût été préférable de ne pas signer. L'anonymat n'est pas reconnu par le marché.
Reste la fugitive et honteuse impression d'être un homme de paille, un prête-nom. Ce qui me permet avec la plus grande mauvaise foi de décliner toute responsabilité concernant le contenu de mes tableaux. Ceux-ci sont responsables d'eux-mêmes et d'eux seuls. Chose facilitée par le fait qu'un peintre regarde rarement ses tableaux . Voit-on souvent un architecte habiter une de ses réalisations ?
Et le style serait alors, quand il n'est pas « une imposture » une manière pour le peintre de faire son service, comme on fait un service à table.

Mon évolution…
Des imbéciles pensent qu’il y a une évolution en Art. Qu’ils aillent se nettoyer les prunelles contre les peintures rupestres. Pas non plus d’évolution chez un artiste mais plutôt un mouvement hélicoïdal qui l’approche indéfiniment du centre de son œuvre.

Quand est-ce qu’un tableau est fini…

Le tableau est achevé quand le peintre est mort… de trouille.
La peur d’ajouter quelque chose qui détruirait…
Plus prosaïquement, le tableau se termine tout seul, à l’insu du peintre qui est alors, manu militari, mis sur la touche.

Vous vivez de votre peinture…

La question est continuelle, toujours posée de la même façon. Les yeux brillent, l’attente de la réponse est presque insoutenable partagée entre l’excitation de rencontrer un « vrai peintre » (celui qui vit …) et la jalousie (c’est un artiste pas moi). Ces deux « sentiments » seront d’autant plus intenses que l'on aura exacerbé les affres de l'attente en montrant une désinvolture à la hauteur de son statut d’artiste. Je réponds toujours par l’affirmative et me débarrasse rapidement et définitivement de l’importun qui insiste en lui lançant ingénu
« Ah vous voulez dire sur le plan matériel ? »

Quelle est votre démarche d'artiste…

C'est la question le plus terrifiante puisqu'avec l'âge elle est devenu claudiquante.
Fin.

Un recul du temps et de l'espace est nécessaire pour apprécier la lumière cachée dans l'ombre de ses tableaux ........Ses miniatures sont aussi un moyen de faire une transition entre la raideur des murs blancs et le voyage qu'offrent ses peintures , un voyage imaginaire où formes et personnages ont la même valeur
La Provence

Marc del Amo est un peintre discret , voire secret . Il ne se livre qu’avec parcimonie , à mi-voix , comme si les mots étaient superflus, dérisoires .
Il peint , beaucoup . Il expose , rarement .
Sa peinture naît d’une alchimie mystérieuse qui se nourrit de techniques anciennes et de sa propre recherche ….
On se surprend à essayer de percer le secret de cette étrange transparence des couleurs mais l’esprit est vite emporté par l’imaginaire et soudain au détour du regard sur la surface brillante de la toile , une forme s’ébauche dans les entrailles de la matière .
On ne regrette pas de s’être attardé .
JPP

En entrant dans la galerie ,on entre dans le monde ou plutôt les mondes de Marc del Amo : un foisonnement de matériaux , de textures et de couleurs qui ne dévoilent leur secret qu'à ceux qui s'offrent le temps d'un regard rêveur .. Petit à petit l'œil découvre une multitude de formes et de personnages qui renvoient à nos interrogations et nos sentiments . Pourtant Marc del amo insiste , il n'a à transmettre précisément ni sentiment ni discours , il peint tout simplement . Et chaque oeuvre quelle que soit sa taille , offre ainsi un vaste univers , où l'on prend plaisir à se perdre.
L .Mallet : la marseillaise

Une oeuvre calme et riche en symboles . Oeuvre palimpseste qui laisse entr'ouverte la porte de l'imaginaire .
Marc del Amo travaille la peinture avec son corps avec le temps.... Une recherche du pas perdu sur l'étendue rêveuse de la toile . Des couleurs inhabituelles se conjuguent au présent . Plusieurs toiles commencées en même temps. Puis vient l'apprentissage du détachement. Longue gestation. Huile sur bois, châssis de porte, toile tendue qui attendent . Choisissez votre support .... Chaque toile questionne notre regard. Convocation nouvelle à un examen de conscience . La peinture n’est pas morte. Ceux qui marchent calmement sur la poussière broyée savent qu’il y a encore du chemin à faire . Marc a commencé . Il a poursuivi . Il achève sans heurts une oeuvre posée de l’imaginaire qui n’est chaque fois ni tout à fait la même , ni tout à fait une autre . Visiblement cette oeuvre l’aime et l’anime .
Philippe Ladoury : Vaucluse Matin

Émotions visuelles, foisonnement des couleurs , univers croisés, l’œuvre de Marc del Amo est captivante et inspirée . Une oeuvre maîtrisé , où chaque regard ouvre sur différents voyages...
Marc del Amo peint depuis trente ans . Essentiellement autodidacte on peut dire qu’il fait partie de ces peintres « à l’ancienne » qui participent à tous les stades de la création, notamment au travail sur la matière, sur le support de la peinture : « Je fabrique mes châssis , je tends mes toiles , je cuis mes huiles de lin.... En fait je me suis réapproprié des techniques qui étaient un peu perdues , du moins tombées en désuétude.... » Ce qui frappe d’emblée dans sa démarche , c’est la couleur , omniprésente, débordante, éclatée ou entremêlée .... « La couleur est un des axes moteur de mon travail Tout commence par des envies de couleurs ; pas à pas , touche à touche , et petit à petit , ça s’organise . »
Ca s’organise en effet , avec le temps nécessaire des années s’il le faut , et voici des histoires qui se dessinent , des personnages qui passent , des paysages qui apparaissent , tout un univers fluctuant , onirique .
Parmi les oeuvres exposées , de très belles gouaches patinées à la cire ( encore une technique à l’ancienne qui supprime l’impression « gouache »
La marseillaise

Les correspondances de Marc del Amo :
L'espace gaillanne présente la recherche picturale de Marc del Amo. une oeuvre calme et riche en symbole. Oeuvre palimpseste qui laisse entr'ouverte la porte de l'imaginaire....
Philippe Laroudie

Il n'exposait plus depuis dix ans . Et là depuis juin, coup sur coup, il en est à sa cinquième exposition.
de grands formats ou même de touts petits devant lesquels on cherche à distinguer un thème, qui peut souvent s'imposer d'emblée ...
C'est la toute la liberté dont dispose le spectateur à la recherche d'une symbolique pensée . Peinture ouverte dira t'on ....
in le dauphiné : 8 novembre 2001n

Il est des rencontres étonnantes fascinantes que permet le marché aux puces de Carpentras. Dans l'une des allées est installée une véritable galerie d'art faite d'une structure de tubes métalliques et de tissus : bleus pour les murs, blancs pour le toit. Un air de guitare s'en échappe : une petite fille joue des chansons de Brassens. Un peintre, Marc del Amo, 56 ans, y montre des tableaux, une peinture fraternisant avec celle de Monticelli selon les connaisseurs. Il peint depuis...toujours

Peintre sans atelier

Il n'a plus d'atelier son matériel, ses autres toiles sont dispersés dans des champs , des jardins, des greniers ou des caves du Vaucluse. En attendant d'avoir un nouvel espace de travail, il s'expose , se livre , lui le discret, le secret dans un lieu qui au départ ne convient pas à sa création, ni à son être profond. Ses oeuvres à l'huile sur bois ou sur toile sont vivantes, changeantes sous le regard du passant qui s'arrête de dimanche en dimanche. Sa peinture est exigeante, elle demande au "regardeur" comme dit Marc, de comprendre par lui-même ce qu'il a sous les yeux. La dame polonaise reconnaîtra les icônes ornant les calvaires de son pays natal; l'andalouse verra des danseuses à l'éventail. L'artiste est libre, le spectateur aussi. Marc del Amo n'impose pas une reproduction de la réalité où l'imagination n'a plus cours. Il peint, c'est tout. Il expose très peu. De nombreux fabricants d'images, plus artisans de la peinture , qu'artistes occupent déjà les lieux. et les changements de couleur politique n'implique pas nécessairement de changement de politique culturelle, on ne rencontre pas un Malraux ou un Lang si souvent.

Y a t-il un mécène dans la salle ?

Cependant la nécessité pour un peintre n'est pas de montrer mais de créer : "Y a t-il un mécène dans la salle ? public ou privé

Ma peinture contre un atelier où la produire, propose le peintre" Comme Utrillo qui offrait ses toiles contre un logement ou Delporte qui payait son boucher avec ses tableaux, Marc del Amo propose sa richesse créatrice contre quatre murs et un toit même sans eau, ni électricité. Le peintre a un besoin vital de peindre.

Ses oeuvres sont visibles tous les dimanches au marché aux puces de Carpentras

En ce moment également : galerie Delannoy, rue Bonneterie à Avignon.

et sur le net :


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Au début, rien n’est perceptible. Ou presque. Quoi de plus normal lorsque l’on est en quête systématique de réalisme, de figuration…On détourne l’attention un instant, puis l’on revient sur le motif.Et là tout apparaît. Un fond sombre d’abord… On aperçoit en fait une nébuleuse de couleurs…Non. Une étonnante texture faite de mille feux, tout compte fait. On commence alors seulement à distinguer des formes lumineuses, intenses. Tout est à la fois compact et puissant, mais curieusement léger et libéré. Comme si la main de l’artiste n’intervenait que là où c’est essentiel.

Voilà ce que permet la peinture de Marc Del Amo. Une étonnante liberté d’émotion et d’imagination. Tel un enfant, nous parcourons chacune de ses œuvres en espérant y découvrir une clef, notre clef qui nous permettra de passer à la pièce suivante.
De la même manière que le temps s’approprie les choses, les embellit ou les détruit selon son gré, la peinture de cet artiste surprenant s’accapare notre regard. Alors…tout se dessine ou se dérobe…
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Anne Le Dirach : galerie des arts et des hommes