Abderahmane Louidani

Introspection Artistique

L’expression plastique m’offre un espace immense et m’ouvre les portes de l’art, elle est aussi un excellent moyen pour décompresser mes charges émotionnelles et révéler ce que « les choses de la nature renferment ». C’est en poussant ma recherche, qui se résume dans le retour à travers l’histoire des civilisations anciennes, que j’ai rencontré les cintres et les glyphes, chose qui donna à mon écriture plastique sa traduction dans un mode de reconstruction.
Remarquant que l’architecture prend parfois ses origines dans des fragments, des particules qui, en grandissant, prennent une ampleur, puis un monumentalisme digne de robustesse ou d’élégance, je me suis trouvé devant une fragmentation.
"Le monde se résume dans un grain de sable" disait William Black. C’est de cet angle là que j’ai entamé ma recherche, Puis, tout en puisant dans la culture maghrébine en général et dans la notre en particulier. Mon travail s’effectue alors dans une spontanéité, dans le dynamisme et la structure; d’ailleurs l’originalité de mes travaux vient moins de la conception de la composition de l’œuvre où les formes et les reliefs sont présents, que de l’idée générale de ma recherche. Mes œuvres restent, en somme, inachevées, c’est un ensemble quoique statique paraît-il, est en mouvement perpétuel, les éléments qui composent chaque œuvre, deviennent par la suite sujets de réflexion dans un horizon nouveau… C’est une genèse présente conjuguée au passé, c’est une fragmentation d’un tout englouti…
Parfois le signe et le symbole émergent et viennent ajouter une note nouvelle: soit sous forme d’objets (cadenas, verrous, clefs et autres éléments) faisant référence aux portes de mon enfance, soit à une terre souvent rouge et argileuse d’où émergent des fragments de notre histoire. Il reste à les dévider de leur contenu mythique afin qu’ils puissent prendre une utilisation plastique loin de la joliesse, et s’intègrent en tant que composantes; c’est ce qui laisse, souvent, ressortir un message de l’intérieur. Au moment où l’œuvre est entamée et que la composition donne naissance à cet espace où les objets prennent leur ampleur dans les méandres d’un brassage de couleur et de matière, je rentre dans une transe et déguste le délice de cette splendeur qui n’est autre que celui de la création artistique.