Jean-Marc Zabouri
Ô temps que je m'en souvienne !
On s’est dit bonjour une fois
On s’est dit au revoir trois fois
Tu es sorti je suis rentré
Tu es rentré je suis reparti
Et le temps est passé, tellement vite !
Sommes-nous faits pour attendre ?
Attendre toute une vie ?
Et avec tous ces mots qui nous bousculent
Qui nous connaissent si bien
Moi j’ai réécrit la maison, j’ai repeint les pensées
Et j’ai mis du sens à la couleur.
Les voilà ils ont rejailli du passé
De ce passé qui ne m’appartient pas
Qui ne m’appartient plus
Comme quatre vérités ils ont déboulé
Et je me revois, je me retrouve
Même dans les photos en noir et blanc
J’entends !
Je vous entends ma mère, mon père
Bien au chaud dans le creux du monde
En arrière plan toujours vivants
Vous riez et chantez,
Et
Il suffirait d’un petit rien pour que l’on se retrouve !
Mais quel étrange billet dois-je acheter ?
De quel quai dois-je partir ?
Peut-être avec une monnaie d’échange ?
Ou bien une monnaie de singe ?
Une devise à escroquer le Passeur !
Je ne veux plus faire partie de ce zoo des ignorants
M’en évader, scier les barreaux des alentours
Sculpter les nuages pour leur rendre la parole
Et mes yeux rectifieront le présent.
On se reverra avant le Grand’Hiver.
Jm Zabouri Février 2018.
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Névé.
Ce matin toute la sagesse du Grand Pays
Est tombée sur les plaines
Au son des cithares et des lyres
Pour y déposer des psaumes de paix
L’ai-je vraiment vu ?
C’est fort possible !
Pourtant pas un son, juste quelques larmes
Muettes et sucrées
Parfumées comme des mûres blanches
Belles comme on ne peut l’imaginer
Comme avant dans les rêves merveilleux
Ne reste plus qu’à implorer les étoiles d’argent
Les oiseaux de la voie lactée
Et à écrire un testament de vérité.
Jm Zabouri Février 2018
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Les chevaux de bois tournent
Comme les tendres promesses
Faites aux âmes des enfants
Qui ont détourné leur regard.
Refermés les cahiers de couleurs
Les yeux noirs aux longs cils recourbés
Les pauvres mamans aux chagrins amers
Perdues devant la pâleur des princes.
Tant que tourneront les contes et les fées
A la manière des manèges illuminés
D’une flaque à l’autre
Eclabousseront d’étoiles les galoches mal nouées.
Et la mélancolie sera de bonne compagnie
A la renaissance de l’art forain
Les petits singes savants ouvriront la marche
Des anges assis sur les nuages.
JmZabouri Décembre 2017.
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Le clown
Debout sur les mains
Les pieds dans les nuages
A l’assaut de la Terre
Je marche la tête en bas
Ruisselant de lumière
C’est tellement beau
De voir le monde à l’envers
Lui redonner son vrai sens
Comment en suis-je arrivé là ?
On n’a pas l’habitude
De ce genre de chose
Mais je me plais à contempler
Les gens de cette position
Ils semblent aimables et gentils
Pirouette d’acrobate
Je voudrais les rendre heureux
Les éloigner de la tourmente.
Amour d’amour j’orne le temps
D’étoiles et de roses.
JmZabouri Octobre 2016.
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Sans ruban ni papier de soie
Une brassée d’étoiles
A été déposée devant ma porte
Peut-être un présent du passé
Qu’importe
Etes-vous ici pour me raconter
Ou venez-vous simplement passer l’hiver
Au chaud
A côte du chat et du pot confiture
J’ai aussi du miel de printemps
Et pour vous héberger
Un récit, un ciel divin
Où vous reposerez à jamais.
Je ne vous ai pas appelé
Et pourtant
Vous avez su me retrouver
Pour me dire ce qu’il y a entre nous
Ce que nous avons en commun
Pas plus gros qu’une mouche
Cette tache de naissance
Que j’ai là sur le cœur.
JmZabouri Octobre 2016
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J’ai présenté mon âme au Soleil, à la Mer
J’ai mis de côté mon corps
Pour ne pas souffrir
Et toute la beauté du monde
M’est apparue
Sans défense elle s’est offerte
Confiante
En mes mains elle s’est assoupie
Jm Zabouri Décembre 2017
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La beauté triste d’avant la joie
M’atteint de son intime et timide langage
Et quand son regard s’inscrit dans le lin
Il m’appartient, le reste importe peu.
La route m’attend et le mystère est proche.
De nos jours les transfusions d’Amour
Se font rares
Cet Amour perdu par les blessures
Mauves et bleues
Ne clame que sa guérison
Et les mères chantent le blanc des nuages
La couleur de l’oiseau sur la branche
La blancheur de la marguerite des champs
Moi, éternel enfant
Je laisse frémir mes doigts et mon cœur
JmZabouri Mai 2017
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