Jean-Marc Zabouri
La traversée de la mer Morte
Ce matin c’est le silence de tes pas dans la neige
Qui m’a réveillé, nous avons échangé quelques mots
Les mots simples des gens qui s’aiment
Tu souris, je souris et cette musique qui bruisse
Dans les arbres accompagne les froissements
Des taffetas de la chambre
Tu as remarqué, à mi-voix que le ciel couvert
En tournoyant nous disait
« Ce qui reste à accomplir ne le sera jamais »
Comme deux loups blessés
Les amants du froid s’étreignent à l’aube
Et ne rêvent qu’au présent, le temps de l’amour
Avant que tu ne reprennes la route
Et que tes traces me disent qu’il te sera difficile
De faire demi-tour
J’ai fermé les yeux et j’ai prié dans l’abîme du silence
Ton visage comme une icône slave
« Reste ! »
JMarc Zabouri Mars 2017
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Dans le lit j’attends….
Ce n’est que plus tard quand j’ai allumé
La lumière dans l’escalier que j’ai vu
J’ai vu l’espace occupé par les portraits
Habitants des lieux mais aussi des rêves
Il faisait froid et la neige avait cessé
La lune maintenant libérée des nuages
Donnait le change à la blancheur du sol
Le jour était bien loin de se lever et je devais dormir
En attendant que mon cœur se calme
Je me suis recouché pour redevenir transparent
Et libérer mon corps de son enveloppe charnelle
Mais la nuit brillait et ce n’était pas un rêve
Du moins pas encore
Tu dormais bras sous la tête, souriant, lèvres entre-ouvertes
Et ton souffle me signifiait que ton aide je n’aurai pas
La lune aussi s’est recouchée et la neige s’est remise à tomber
Puis à glisser silencieusement des toits comme pour
Ne réveiller personne…
En vérité je ne voulais pas me rendormir et retrouver ce rêve
Ces visages connus cherchant une porte à quitter ce monde
Cet entre-deux du non repos planant comme une vision
Bleue du dessus d’eux-mêmes !
Mais il faut bien les libérer ces portraits cloués au mur
Alors je me suis enfin rendormi pour leur ouvrir la voie
Traditionnellement ces choses se font
Et continuent oui
Continueront tant qu’il y aura des passeurs de Nuit
Jm Zabouri Février 2017.
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Est-il à moi cet endroit où je vis
Dont je respire chaque murmure ?
On y fabrique des mots, des silences, des soupirs
Des filaments interstellaires
Qui sont vous, qui avouent qui nous sommes
Les portraits figurant l’incertain
Et ce sentiment d’égalité entre eux et moi.
Retrouvés rue du Bac à sable
Des broderies de cotons, des brins de laine
Cousus bout à bout, parties manquantes,
Le début de l’histoire.
Muettes pour certains, odorantes pour d’autres
Les lettres frémissent sans s’incliner
Le i dans sa rectitude
Et le m, vague à l’âme à l’envers
Danse d’un monde à l’autre
Aime.
Une ampoule qui éclaire le plafond qui danse
Matin
La pluie se plaint sur les volets dévorés par le temps
Je me suis senti chez moi
La récréation qui vient
Je ne connais pas la faim de ceux qui veulent rentrer chez eux.
Jm Zabouri Décembre 2016.
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Il est temps de rentrer
Le vent, la pluie couvrent
Les voix qui s’élèvent du square
Même le chant des oiseaux
Au creux du lilas bleu
Semble étouffé dans sa retraite
La lampe vacille d’un brûlant mystère
Donnant à voir à travers les carreaux
L’infinie transparence
La tapisserie tissée d’abeilles et de libellules
Habille les murs d’une évidente paix
Le monde est là ne crains rien
Parle-moi afin que rien ne se perde
Ni ta lueur ni ton souffle
Ou bien reste muet s’il le faut
Pour que la foudre n’embrase notre royaume
La mort n’est pas notre issue
Car plus grand que nous est notre Amour
Jm Zabouri Novembre 2016
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Ils traversent le temps avec moi
Figés dans la couleur par un
Brossage de soie
Ces visages familiers ou méconnus se moquent bien
De notre mort annoncée et de nos doutes
Ces visages qui ne peuvent se retourner
Dans ces décors tendus, scellés
De quelques clous tapissiers
Ils sont rentrés chez eux d’un pas serein
Nul ne sait par quel miracle par quel chemin
Jalonnée d’amour et de nostalgie
La pérennité de la mémoire
Mains après mains frémissantes
Fait son ouvrage comme par magie
La porte ne s’ouvrira pas
Pour le petit chat
Le vent souffle les saisons
Mais les volets ne grinceront.
Ex-voto que d’autres après nous tenterons de décrypter
Alors que seule la trace laissée au verso veilleuse d’amour pourra les éclairer.
Jm Zabouri Décembre 2016
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