Jessuro

"rose ou noire, est la mémoire"

la mienne est un patchwork
de telle sorte que les papillons
y voisinent avec les orques,
.. mes pantalons avec mes shorts,
et mon ancienne demeure, jouxtant les écuries
et tapissée de vigne vierge,..
avec la chambre de la "meilleure"
occupée par la bonne.

le rose voisine avec le noir..
le rock voisine avec Eluard,,..
et Vichy avec les allemands..,
le jour avec la nuit,

.. les auges d'antan avec les robinets d'argent.
les voitures "dernier cri"..
avec des vélos en bois,.. comme vus à Conakry,
ou des chevaux de "dernier hennissement"
dormant sous un capot, et prêts pourtant
à épater les laboureurs,,
en s'emballant sur la poussière
des chemins campagnards,.. et toi, hilare,
assise en amazone sur l'un des sièges "avant"
inclinables vers l'arrière,.. cheveux flottants
indiquant mal la direction du vent, qui par magie,
s'emmêlent et se démêlent en même temps..
.. ton corps contorsionné, tous reins devant,
et seins sur les côtés, tombant!..
.. se redressant dans l'habitacle,
comme par miracle, en te "quadrupédant"..
.. dos vautrés, genoux entrebâillants,
mettant à mal le filtre mal officiant
d'un pagne fin censé cacher..
et défaillant,.. et nue ou presque comme un ver
autant luisant que les beaux sièges en cuir
de couleur rouge, ou verts,
.. capitonnés,

sous tif' et parfums, t'appartenant,
étant restés dans mon appartement,
sur une table ainsi gisants, bretelles en croix,
.. ambulatoires de l'amour, dont les agrafes..
s'enlèvent.. une ou deux fois par jour..
en baissant l'abat-jour éteint,
permettant de mieux voir, avec,.. le soir
ou en journée, réduites à deux,.. mes mains
dont la mobilité pourrait, les yeux fermés, faire croire..
une plus grande quantité.

mes mains voisinent avec les pieds
d'une tour Eiffel très vulnérable..
de soie et de latex
classée en tête du hit-parade
.. tout comme ton sexe,
des édifices fragiles..

où voisinent pareillement
ton doux regard éberlué, avec,..
dont tu es responsable,..telle une énormité,
mon plus grand bien,
mon droit rétractable,
ma nue-propriété.

"la vie est belle!".., ah oui?.. vraiment?
et grâce à qui!.., pourquoi, comment!..
car en effet, voisinent aussi, entremêlées,
la légèreté, avec la gravité des événements!

.. des souvenirs de guerre ou paix,..
soit "lus", ou qu'on m'a racontés.
..le sang coulé pour venger je ne sais qui,
en Janvier deux-mille-quinze après jésus-christ
en plein Paris, faisant pleurer à la une de Charlie,
un homologue, les enfants des églises
et ceux des synagogues..
(les gardiens du temple n'ont pas de fusils ..)

mémoire d'hier ou de Janvier,
plus actuelles que celle des sangs versés,
des gaz adverses, et gibets insensés!
.. pour autant, que soient, moins récents ces derniers,
"peux-t'on les oublier!!..".

née en mille neuf cent six à Chaussin,
cette Jurassienne, résistante, refusant de parler,
.. fut déportée au camp de Flossenbürg
où elle continuera de "résister"!..
AVANT d'être PENDUE.. le 13 avril 1945 !
dix jours avant l'arrivée des Américains..
.. Elle avait trente-neuf ans, la "petite"!

et au delà des "trois ans" que j'avais,
c'est grâce à ces héros auxquels elle appartient..
que vous et moi, (pour la plupart)..
avons grandi plus longtemps qu'elle..
.. elle s'appelait "Simone MICHEL-LEVY"..!

pour quelle France, sacrifièrent-ils (ou elles),
leurs amours, leurs familles, leurs vies??..

.. "à nous d'en décider!" afin que "elle",
et les plus vrais de ses amis, ne soient pas
"MORTS pour RIEN"!.. - alors, chers amis,..
un drame n'effaçant pas l'autre,..

"souvenons-nous d'elle!"..


- JESSURO - (janvier 2015)