Jessuro

"l'ailette de mon moulin"

soyons passionnés..
envers et contre.le compte-à-rebours
de l'amour sourd,
.. aveugle provisoirement
du sentiment pour l'être aimé,
.. et de sa fin dont on connaît l'esprit chagrin
qu'efface le vent brassé par les pales du moulin..
en l'entravant..

..dans lequel nous rêvons tous d'entrer..
.y contempler, et entendre chanter..
qui virevolte et sautille,..
.. le joli grain doré,

.je cède, tu cèdes, nous cédons vous cédez
en marchant vers l'avant,
et vers l'arrière
quand nous rétrocédons,

la pierre en gré des Vosges,
dans le monde et en Saxe,..
est la seule à ne pas perdre son temps
bien que tournant en rond..
..sur l' axe.

j'entends les dernières volontés du grain
.. parlant mieux que les hommes..
pour une toujours meilleure
fabrication du pain..
.. et les grincements,
et les cris et piaillements de la pie,
qui en pille en passant,
les poussières minuscules.

..dans la fécule, les charançons s'enculent
à l'image des humains,
sans discrimination aucune,
en s'esclaffant comme des mitrons..
.. mais ont l'excuse de n'y pas voir
à guère plus d'un micron,

la question est posée de savoir
si la semence de ces petites bêtes,
mélangée au levain,
ne compromettra pas.. le goût du pain !
.. question trop conne, ainsi jugée
par les autorités, reconnaissant
aux charançons, le droit de les imiter
et de nous rouler dans la farine,

.. moulin sur la colline, vent faible et parsemé..!
.. visite guidée..!
..je te sens excitée..
..j'ai droit de cité.. sensible,
j'entre dans toi, et comme dans (z') "un"..
..je passe la main, et c'est soudain,
.. les ailes "bran-ballantes" du moulin,
qui se mettent à tourner..
au plus grand étonnement du meunier..

.. sacrée Marie-José!.., je t'ai crue résignée..
juste bonne à sermonner tes gosses, pour plus
qui s'mettent les doigts dans l'nez..

.. le vent est tombé..
tandis que s'est relevée ta belle, légère,
et plutôt courte robe d'été..
et que s'est révélée,.. non pas immonde!,
mais juste un peu exagérée,
ma douce, troublante.. contemplation
de ta version de l'origine du monde..,

.. le moulin s'est arrêté..
t'as gardé tes souliers
à talons hauts et longs et noir brillant,..
au profil menaçant, mais bien apprivoisé,

.. et te voilà ressuscitée, les bras en croix..
sur la grande roue en gré..
et à me dérouler comme un présent, et "rouge-tapie",
ta langue veloutée, rescapée du passé..
en commençant par le plus simple,..
suivi du composé.
.. le meunier a tout vu!.., il a tout du satyre,
et avant de nous chasser,
il nous d'mandera d'revenir !..

vingt ans déjà!.., je n'ai pas vu le temps passer !..
et que sont devenues tes trois merveilleuses fées..!
.. qui ont bien du grandir !..
.. Françoise, Rosine, et la petite troisième
..dont je cherche le prénom
car il m'a échappé !..

..oh mais!.., pardon!.., car, oui, un jour, ta soeur m'a dit
que la deuxième est décédée..!!
.. complètement désolé,.. excuse-moi Marie-Jo!..
..oui, dans un accident de voiture, ..je crois!..
.. suis-je maladroit !..,
et le bon dieu,..pas très facile à fréquenter !..
et peu reconnaissant du fait que dans un assez proche passé,
tu avais dispensé des leçons de catéchisme
aux enfants du quartier..

la sirène de l'usine du village a "sonné"!..
..replace tes mèches sur les côtés..
..déplisse ta robe qu'est un peu chiffonnée..!

il est midi,.. pas de soupe au feu!..,
ton mari va rentrer..

- Jessuro -