Jessuro

"gérardmer"

j'ai rarement vu Gérardmer,
.. tant et temps,..
.. "tant" pour la ville,.. l'autre au-dessus du lac,
tantôt bleu, tantôt haut, tantôt bas..
.. voire parsemé de blanc,
.. grisâtre parfois, caressé par la brise
douce,..
en provenance des massifs, où se couche,
le soir derrière les buis,.. le soleil
que contemple le vieil Augustin..
devant une mirabelle,..
.. en la dégustant..

.. cette ville qui nous convie chaque année
à son festival de la jonquille fantastique,
.. cette ville, petite, qui m'émerveille..
où flétrissent les mères vieilles..
où fleurissent en été leurs progénitures belles
aux culs baissés,.. que chatouille l'herbe verte..,
et chatoie la rosée..,
et que briguent les garçons
s'adonnant à la cueillette
qu'ils effectuent avec les yeux,..

.. et celui, historique, écroulé, qui n'est plus
hystérique, après l'avoir été...
d'une ascendante,.. bouchère, prétendue pieuse,.
.. épieuse,
.. bourreuse de chair à saucisse
dans les boyaux des animaux assassinés,
sans gants..
.. sans dents,.. sanglante,
.. parfois "sans-culotte",
dans une tranchée
plus jouissive, moins meurtrière
bien qu'à double tranchant..,
que celles de nos soldats (z') anciens,..
.. viandarde aux gros nichons,
.. (y'a pas de sots métiers!)..
.. y'a pas de mal à se faire du chien..
.. quand il vient lui lécher,..

.. bouchère sachant peser,..
à la langue bien pendue,..
(j'vous j'en mets un p'tit peu pluche ?..),
.. la bourriche pleine de toute une vie
vouée à une contrefaçon charcutière
imposée par son mari, de jour,
entre deux.. "et avec çà madame ?"..
comme de nuit,
..entre côtes bien persillées.

"Gérardmer"!.., Gérard m'aime dire "Gérardmé",..
.. son lac, ses baigneurs lourdauds
aux slips lourds d'eau.. qui tirent leurs élastiques
en bas du dos.

.. les belles filles sur leurs pédalos,
"moulinant gros",.. parfois "petit",
épaules vautrées et genoux hauts,.. suscitent,
en train de pédaler,.. l'extase,
au prorata de la hauteur de leurs nuisettes de plage
plus ou moins remontées,
selon les caprices subtils d'un vent de face
s'y engouffrant..

elles laissent traîner à bout de bras
trois bouts de doigts dans l'eau,
en sifflotant négligemment
quelques bribes du "chanteur de Mexico"..
.. les mains ralenties, peu pressées,
.. bien appuyées,
de leurs accompagnateurs séduits,
leur préchauffent le dos à l'envi,

.. les mastodontes de la volupté,
peu faciles à manoeuvrer dans les rivages,
ne seront censées chavirer..
(sauf délai raccourci..!),
qu'aux environs de minuit, heure à laquelle
les urgences sont saturées
et les belles filles sont ceinturées.
.. les sirènes de Gérardmer n'ont de commun,
avec celles du Mississipi..
que la "langoureusité" de leurs bruits,

.. le "chanteur de Mexico" n'étant qu'un alcool doux
servant de prélude aux accords forts de la nuit..
.. "ami, entends-tu".. le clapotis des vaguelettes
sur les flotteurs endormis,..
.. et entends-tu celui de ma langue
sur ceux de ta soeur aussi,..

perçois-tu comme il est grossi par l'encaissement
des chinoises collines se profilant
comme des ombres mobiles..
par-dessus les grincements
des pédalos en rut !..

.. un peu de tôle, et un air de pute enchantée
que joue ma voisine dans le camping-car d'à côté,..
.. un peu de trombone à coulisse !..
"ah, mais !.., que çà fait du bien !"..

.. dans ce monde de flûte !..


- Jessuro, 2013 -