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Jean-Louis Cecilia

Retour à la liste Ajouté le 8 avr. 2005

RECIT DE "MON" CARNAVAL DE VENISE

Cà y est ! Après plus d’un an passé à l’élaboration de mes costumes XVIIIème, j’ai pu enfin les présenter et les porter pour le carnaval de Venise. Mon rêve s’est accompli et je vous en livre un récit romanesque et romancé.
Imaginez : quitter 2006 le temps de quelques jours pour revêtir les habits, adopter les mœurs et le mode de vie d’un important personnage de la noblesse des années 1770 ! Ce furent des instants magiques, de purs bonheurs et chargés de grandes émotions. De simple spectateur je suis devenu acteur de premier plan, pour la scène qui se joue chaque année en février au grand théâtre de Venise. A mon entrée en scène, j’étais fébrile. C’est place Saint-Marc qu’eurent lieu les premières répétitions. Puis, et surtout c’est au Café Florian que la grande première se joua. J’y retrouvais mes condisciples masqués et costumés. Mon entrée, grâce à mes répétitions, à mon allure aristocratique et à la splendeur de mes habits fût grandement remarquée. Dès lors, je compris que j’avais été adopté et que je faisais désormais parti des leurs. Je pénétrais la caste très fermée des carnavaleux « historiques ».
C’est avec préciosité que nous dégustions, à petites gorgées, de sublimes chocolats sous les regards admirateurs, parfois envieux de la foule qui, massée au dehors, dans un froid vénitien de février nous suppliait de lui jeter un regard pour lui permettre d’emporter de la scène incroyable que nous leurs jouions un souvenir impérissable. Notre morgue aristocratique nous interdisait, bien évidemment de répondre à de telles sollicitations. Nous nous amusions de toute cette agitation autour du spectacle, bien involontaire (!) que nous donnions.
Après ces petites « récréations » vînt le temps des grandes soirées auxquelles furent conviés les plus acharnés d’entre nous. C’est ainsi que nous fûmes invités à une soirée donnée au prestigieux Palazzo Papadopoli. Nous y fûmes accueillis par des portes flambeaux qui nous guidèrent jusqu’à l’immense salle de réception, au rez-de-chaussée du palais. Une foule nombreuse et joyeuse patientait et discutait en buvant des cocktails servis par des hommes en habits et à perruques poudrées. Quelques instants plus tard nous pûmes emprunter le majestueux escalier de marbres polychromes qui conduisait aux salles du piano nobile. Les centaines de lueurs des immenses lustres de Murano se reflétaient sur l’eau étrangement calme du Grand Canal de ce soir de février. L’étendard des doges, un lion d’or sur fond rouge flottait mollement au vent. Malgré le grand nombre de convives, l’immensité et la solennité des lieux nous passâmes des instants de grandes chaleurs humaines, nous promenant de table en table, ayant un mot ou un compliment pour chacun, plaisantant avec les uns ou les autres. Les conversations furent courtoises et polies, les mets délicieux. C’est avec délectation que je me retrouvais dans la peau d’un de ces grands courtisans du XVIIIème siècle. Etaient présents ce soir là, Sa Majesté le Roi Louis XVI et un de ses frères, le Comte de Provence. La fine fleur de l’aristocratie française et étrangère était présente et eu à cœur de se présenter sous ses plus beaux atours. Il y eu bien quelques extravagances mais la règle du bon goût fut respectée. Pour l’occasion j’avais revêtu un habit de soie de couleur vert d’eau à fines broderies de fleurs et de papillons pastelles du plus bel effet. Mon compagnon avait revêtu un habit de cour de couleur gris sombre à broderies or et argent et rehaussé de pierreries étincelantes. Nous passâmes une merveilleuse soirée en compagnie de gens exquis. Malheureusement il nous fallu quitter nos hôtes et nous rejoignîmes notre maison, tard dans la nuit. Nous déambulions dans les rues étroites de cette Venise d’une insoutenable beauté, mêlée d’étrangeté et d’irréel. La brume rendait la cité fantasmagorique, la lune pleine en accentuait l’effet.
Le lendemain ce fût en voisins que nous fûmes invités à la réception donnée au Palazzo Gradenigo. Jadis ce palais possédait le plus grand jardin de Venise. Aujourd’hui, de tout cela il ne reste que peu de chose. Cependant le palais a conservé toute sa superbe et ce raffinement si particulier, que seuls les vénitiens ont su préserver. Et en matière de raffinement, la maîtresse de maison sait de quoi elle parle, elle nous accueillie avec la plus grande chaleur, ayant un pensée et une parole amicale pour chacun. La demeure, haut lieu de l’aristocratie carnavalesque d’un soir fut le théâtre d’une soirée inoubliable. Nous étions entre gens de qualité portant les doux noms de madame de… ou monsieur de… Nous reconnûmes quelques connaissances : notre amie la Reine Christine, vêtue pour l’occasion d’une robe à crinoline de velours bleu « roi », l’abbé Mattias ainsi que quelques petits marquis de province venus faire leur cour et se distraire, chose peu aisée lorsque l’on vie dans un vieux château reculé au cœur du Berry ou du Poitou. L’absence de Sa Majesté fût remarquée. En revanche il avait délégué sa délicieuse et jeune épouse : Sa Majesté la Reine Marie-Antoinette qui, du reste, fut ma voisine de table et avec qui j’eu une charmante conversation à propos de sa toilette « bois de rose », du moins le supposais-je. Je remarquais à sa voix quelque peu grave qu’elle avait du souffrir du froid humide qui enveloppe la cité lacustre à cette époque de l’année. A bien y réfléchir, trahis par ce timbre quelque peu inhabituel pour une dame de qualité, n’étais-je pas plutôt en présence d’un quelconque Chevalier d’Eon ?
Les réponses me semblaient peu évidentes, les soirées costumées ne permettent t’elles pas aux femmes de devenir des hommes et à ceux-ci d’exacerber leur féminité ?
Le raffinement des mets, l’audace de la décoration florale, le délice des amusements et la virtuosité des musiciens rendirent cette soirée inoubliable. Là encore nous avions revêtus nos plus beaux atours et nous furent récompensés de nos efforts : les compliments pleuvèrent. Tout fut absolument parfait.
Mais hélas, il fallu quitter 1770 et revenir en 2006… Ce fut une aventure extraordinaire. Nous avons vécu, grâce aux rencontres que nous avons faites, un carnaval « secret », en compagnie de gens passionnants, passionnés et charmants. Ces passionnés de Venise et du costume qu’ils soient vénitiens ou pas et qui nous ont ouverts les portes de leurs palais et de leurs cœurs nous ont fait vivre des instants inoubliables. Merci à Christine, Flavia, madame de…, monsieur de …

Vous pouvez retrouver les costumes que j’ai confectionnés pour ce carnaval de Venise et qui sont tous à vendre. Je suis couturier - créateur et naturellement je peux vous en confectionner d’autres. Que vous soyez particuliers ou professionnels je suis à votre entière disposition, vous pouvez me contacter au 04 67 60 46 52 - 06 12 12 20 92 ou sur


J’aimerai beaucoup revivre les soirées costumées auxquelles j’ai participé durant le carnaval de Venise. Si vous êtes au courant de soirées organisées en France, faîtes le moi savoir. Merci.

Artmajeur

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