Ninon Vignol

Mon domaine de prédilection demeure l'abstraction. L'enchevêtrement des lignes, des couleurs, des différents gestes picturaux qui se confrontent et/ou s'harmonisent est pour moi l'essence même de l'acte de peindre, de la création au sens le plus pur du terme. Et, contrairement à certaines idées reçues, c'est une quête des plus difficiles que de réussir à faire émerger ce sentiment de justesse, d'harmonie ou de choc visuel au sein de la toile, avec pour seule actrice la dynamique de la matière.Je souhaite rendre hommage aux grands artistes du siècle précedent, les Jackson pollock, Hans Hartung et autres qui ont su clamer haut et fort par leur création que le sujet en peinture pouvait (et devait) se réduire à néant, pour laisser place à l'expression du geste et de la couleur dans toute leur autonomie. Et lorsque Picasso affirme qu'il a mis tout une vie à réussir à peindre comme un enfant, cela doit bien sûr se comprendre comme une libération totale de la main, la chose la plus productive qui soit et à même de faire s'exprimer l'essence de la création. Tout en mentionnant le nom de l'immense Gherard Richter, que j'admire au plus haut point, je finirai sur ces mots d'Hans Hartung, d'une incroyable justesse: 

01:23

“J’aimais mes taches. J’aimais qu’elles suffisent à créer un visage, un corps, un paysage. Ces taches qui, peu de temps après, devaient demander leur autonomie et leur liberté entière. Les premiers temps je m’en servais pour cerner le sujet qui, lui, peu à peu, devenait négatif, blanc, vide et enfin simple prétexte au jeu des taches. Quelle joie ensuite de les laisser libres de jouer entre elles, d’acquérir leur propre expressivité, leurs propres relations, leur dynamisme, sans être asservies à la réalité.” Hans Hartung

Article essentiel publié par Le Monde sur les doutes des artistes, les effets négatifs et positifs de l'acte créatif sur la formation de soi

http://www.lemonde.fr/idees/article/2010/10/26/la-creation-necessite-un-questionnement-permanent_1431363_3232.html