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Gabriel Claude Ancenis

Retour à la liste Ajouté le 27 févr. 2018

Par Soana KRISTEN, Psychanalyste.

Des seings et des inclinations

L’œuvre de Gabriel Claude A. — du moins les toiles qui paraissent sur le net — frappe d’emblée par sa maîtrise de la matière et le miroitement de sa palette : une déclinaison, presque une investigation de chaque couleur. Est-ce au gré des humeurs des événements ? Est-ce une interrogation ? Elle m’évoque d’emblée la nature source d’inspiration, de paix, de beauté et de vie, et simultanément par d’autres toiles, l’homme déchiré qui se retranche derrière un mur intérieur pour se protéger et nous protéger des souffrances. Paradoxalement deux faces opposées, complémentaires assurément et une tentation ou une tentative d’harmonie par la peinture.
Ma première impression, persistante, est double : une expression de vie voire de violence, d’audace, une explosion solaire très yang — le rouge, le jaune, le noir. Puis une autre approche — douce — flirtant avec la féminité et la subtilité autour des bleus et gris.
Toute une recherche toute de lumière — presque tamisée — dont la délicatesse, l’humilité, la force yin me charment. Les titres des toiles entre poésie minérale et quête spirituelle ajoutent au mystère : humaine et fascinante attraction vers l’unité.
La peinture de Gabriel Claude — serait-ce ces deux prénoms entre masculin et féminin ? — semble écartelée dans la tension entre pulsions et sublimation, puise en elles son énergie créatrice, façonne un duo, toujours en mouvement, en évolution.
Une résonance avec la mer, le vent, le sable, les arbres pour créer cette réflexion lumineuse pénétrante, lancinante parfois comme si la nature était le miroir de ses états réflexions intérieures et lorsque la pensée l’accapare, l’humain et son cortège de discordances vibrantes font irruption comme un orage ou un soleil de plomb.
Des figures surgissent de temps à autre, témoins erratiques, irruptions furtives un brin inquiétantes. Des impressions devant des impressions. Où l’image naît de ces flaques offertes à l’imaginaire de chacun. L’encre de chine lisse des contrastes puissants, des paysages qu’on imagine autant réels qu’intériorisés. Les tableaux de l’année 2015 mais aussi ceux des années précédentes (me) laissent à voir des silhouettes en garde ou en attente, couchées et formant une lagune, et d’autres fois un visage se révèle comme une muse surgie des fibres.
Toiles suggestives où le spectateur se livre d’errer, de rêver, de laisser libre cours à sa propre quête existentielle, et l’on pourrait même avancer, en se fiant un tant soit peu aux titres, une théophanie de l’existence, une tentative pour déchiffrer les mystères du ressort humain.
Entre l’horizontalité des toiles que l’artiste habille ou habite de couleurs complémentaires, de traversées — du désert, de l’éden — c’est selon et la verticalité presque brutale des « colonnes », se devine une fracture, un isolationnisme et une interrogation majeure sur l’art d’être avec l’autre, la femme, le semblable, les autres enfin. Comment composer dans l’art de juxtaposer ?
Une œuvre où la lumière jaillit
Sans point final

Soana KRISTEN
Psychanalyste, spécialiste de l'interprétation des rêves

Artmajeur

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