Eric Flabeau

Ligne de masse, ligne de mire, ligne de démarcation, ligne de flottaison, ligne de front, ligne de grossesse, ligne de main, ligne de cœur, ligne de nuit, …

Les Pastilles en aplats se déclinent sous une vibrante harmonie de couleurs, d'or et questionnent la répétition et la différence.
La surface rappelant la synthèse additive du divisionnisme apparaît ici comme mouvante et pourtant statique.
Les coulures verticales s’opposent, pour leur part, à l’alignement des cercles dans un combat pictural entre hasard et contrôle gestuel.​

Énigmatique, provocatrice ou sensuelle, la lettre ne se (re)trouve pleinement dans l’univers d’Éric Flabeau qu’au travers de sa matérialité et de sa mise en scène. Dans le sillage des lettristes et des dadaïstes, qui l’utilisaient à la fois pour son sens et pour sa forme, elle y est fréquemment recadrée et acquiert paradoxalement - grâce à cette contrainte - une forte liberté d’interprétation. Le titre, longtemps considéré comme une annexe de l’œuvre d’art, est ici fréquemment « figuré » au centre du tableau et participe pleinement à sa composition. À la frontière du lisible et du visible, les fragments de ces alphabets poétiques sont perçus comme des incitations au voyage et à la rêverie. Cet univers hybride s’enrichit également d’apports tridimensionnels, ouvrant ainsi de multiples possibilités de déplacements, de superpositions et de combinaisons aléatoires. En écho à la richesse des permutations du langage, ces lettres matérialisent la richesse foisonnante d’un double jeu à la fois littéraire et pictural.