Batich

Faire métier dans l'insensé. Être producteur de chimères, promoteur d'éphémère, accoucheur de légèretés. Bâtir des crépuscules corpusculaires, de dérisoires manèges à voyager. Inventer de fabuleuses machines à démonter et remonter le temps, présent, futur, passé. Composer des musiques de rêves et des poèmes sacrilèges, peindre des sortilèges, sculpter des divinités, forger des outils sans objet, défricher le sacré. Vivre ses rêves éveillé.

Après diverses pratiques artistiques, je me suis laissée tenter par les charmes infinis de la céramique. Son principe d'expérimentation constante de l'irreproductible permet de tout essayer sans préméditation dans une ambiance de chantier hybride, odeur de terre humide, de poussières, de bois et de racines qui constituent l' espace privilégié de l'atelier. Un lieu de méditation physique, minérale, un temps de recueillement et d'alchimie intime. Un mode de vie à l'écoute du rythme du monde. Les nourritures terrestres, râpeuses, rugueuses, lisses ou granuleuses alimentent la recherche d'un rapport sensible avec la matière tendre et plastique et renvoie à une géologie de l'intimité à travers les sensations tactiles.
La terre est un bloc de nuit opaque qui donne forme, rend palpable, tangible, le vide et l'ouverture qu'il procure. La terre est planète, jardin, matière première, nourricière mais aussi chemin sauvage, écorce, faille et tremblement...
Je puise mon inspiration dans la nature, réminiscences animales, végétales ou minérales.
L'improvisation, la joie de laisser mes mains jouer seules, écrire des signes inconnus, la curiosité et le plaisir de la découverte guident mon travail sur des chemins de terre, à l'ombre de sous-bois que j'espère loin des sentiers battus.