Nanon

Atelier de l'artiste

Lauréate au concours "l'Eveil Culturel" en 1995
Lauréate au concours "Migros Genève" cabas (50 ans d'une idée jeune)

UN CHEMINEMENT QUASIMENT INITIATIQUE
Chaque artiste suit un parcours particulier. Celui d’Antoinette Privat est assez multiple. Artiste-peintre / pas tout à fait autodidacte, elle vit et peint à Genève depuis plus de vingt ans.
Une rencontre l’a particulièrement marquée, celle du peintre genevois Gilbert Mazliah, ex-professeur à l'Ecole d'Arts Visuels de Genève et animateur du groupe "Ici, main tenant".
Une des expériences les plus significatives qu’elle ait vécue lors de son enseignement, fut d'apprendre à peindre les yeux fermés! Mais oui, la vision voilée permet de supprimer le jugement, souvent subjectif. L'attention se porte sur d'autres sensations, plus intenses et plus subtiles, émergeant de l'inconscient

Puis, Céruléum à Lausanne, avec comme projet le perfectionnement du dessin d’observation. A l’appréhension du départ, succèdent une découverte et un éveil, jusqu'à présent insoupçonnés. Un voyage laborieux qui se révèlera une puissance bénéfique à l'ensemble de son approche artistique.

En 2006 et 2007, elle suit un cycle de formation consacré à l’enseignement de l’expression picturale ainsi qu’aux diverses techniques d’entraînement et méthodes de déblocage de sa créativité (avec G. Mazliah).

UNE CONSTRUCTON EVOLUTIVE
Les premiers gestes vers la toile sont souvent enlevés, vifs, parfois incontrôlés.
Ils dépassent largement le cadre, comme si l’artiste avait conscience que seule une séquence resterait visible.
Parfois, elle écrit à même la toile : des mots qui seront souvent recouverts, comme un code dont Antoinette Privat est la seule à détenir la clé. Dans leur brume colorée, ils accompagnent l’ensemble et induisent un équilibre et créent une forte part de l’esthétique de son travail.
La couleur qui s’impose avec la force de l’évidence, attire le peintre qui obéit comme à un instinct de survie. Matières, couleurs, gestes, tout se conjugue en mode pulsionnel.

Le collage joue également un rôle important dans son œuvre par l’intégration de papiers de soie, collés, froissés, partiellement arrachés parce qu’Antoinette Privat pose volontiers sur ses tableaux d'autres matières ou matériaux en veillant à maîtriser réactions chimico-physiques qu'elles peuvent engendrer.

Elle travaille sur plusieurs toiles à la fois, de façon assez dynamique. Les toiles semblent alors former un ensemble cohérent pendant leur création : ensemble artiste et toiles travaillent comme un orchestre.
Après les premières foudres, la sérénité s’empare de jus colorés, renforce les tonalités, lesquelles, parfois s’estompent.
Tout devient plus minutieux, plus calme pour permettre le travail horloger du détail dont l’expression doit surgir au premier plan.

Bien que l’expression abstraite l’ait comblée pendant des années, depuis les années 2000, Antoinette Privat s’exprime assez volontiers d’une manière plus figurative et narrative, sans toutefois abandonner le non figuratif qui conserve nettement sa préférence.
Un fort aspect tactile prédomine néanmoins dans ses tableaux car le plaisir du toucher guide son travail, que ce soit par effleurement des doigts ou sous la caresse irréelle des pinceaux, ou plus vigoureusement encore, sous l’autorité de rouleaux, brosses ou autres spatules.

LE CHEMIN DE L'ARTISTE
Chaque artiste suit un parcours bien particulier. Le mien est très hétéroclite. J'ai cheminé d'une manière presque touristique loin des grandes écoles d'art jusqu'au jour où je me suis reconnue, découverte.
Ce déclic fut provoqué par cette fameuse rencontre: celle avec le peintre genevois Gilbert Mazliah, professeur à l'école d'art visuel de Genève et animateur du groupe "Ici, Maintenant".

LE MIROIR DU PEINTRE
L'une des expériences les plus marquantes que j'ai vécue lors de ses cours fut d'apprendre à peindre les yeux fermés!
Mais oui, la vision voilée nous permet de supprimer le jugement, souvent subjectif. En son absence, l'attention se porte sur d'autres sensations, plus pointues et plus subtiles, émergeant de l'inconscient
Peindre les yeux bandés, c'est plonger dans notre inconscient pour régresser jusqu'à l'enfance, parfois jusqu’au moment où notre créativité a pu être bloquée par des événements traumatiques.
Sans la correction du regard, nous nous exprimons par le dessin avec la spontanéité de l'enfant.
Cette expérience est difficile à vivre car notre œil a été habitué au "Beau et au Laid" par certains schémas picturaux bien appris, des représentations mentales léguées par notre culture.

Ces schémas peuvent annihiler peu à peu notre créativité. II faut, pour retrouver la créativité, s'aventurer au delà des frontières de cette puissante librairie d'images stockées dans notre mémoire visuelle.
Or, nous ne bousculons pas volontiers ces carcans. Mais si nous tentons l'expérience, les résultats sont surprenants.
Sur le papier, les dessins sont certes naïfs, voire parfois infantiles, mais qu'importe, ils permettent peu à peu de prendre conscience de la puissante créativité qui sommeille en chacun de nous.
Le dessin à l'aveugle développe cette créativité parce que, quand le souci n'est plus de "faire joli" ou de reproduire des grands maîtres, elle peut prendre son envol. C'est alors que l'horizon s'élargit considérablement et que nous pouvons explorer les canaux restés encore vierges.

MA CONSTRUCTON PICTURALE
Ma construction picturale se meut dans la peinture abstraite. J'aime toucher, triturer, caresser, jouer avec les matières sur de grandes toiles. En relief et en couleurs, je bâtis ma toile: un peu d'étoffe froissée, de la dentelle récupérée. Un sac de pommes de terre, des papiers de chocolat ou de fax, du buvard, des cheveux, du métal, bref toutes les matières m'attirent.
Puis je colorie la croûte ainsi constituée. Je fabrique également mes "jus", à base de pigments en poudre que je mélange à un liant synthétique. Je fais ma petite cuisine! Ensuite, patiemment, je superpose les couches, les couleurs: à l'éponge, au pinceau, en giclée, en pâtes épaisses ou mélangées à du sable.
J'applique tout cela à la spatule, au rouleau, en confrontant l'effet de transparence avec l'effet opaque.
L'aspect tactile prédomine dans mes tableaux, c'est le plaisir du toucher que je souhaite faire passer au spectateur.
La vie n'est pas un long fleuve tranquille. Pour aller plus loin, parfois il faut savoir retourner en arrière, reprendre ses gammes.
J'ai ré-appris à observer, des choses simples: "une boîte d'allumettes, un cendrier, un potiron" ainsi en me pliant à ces exercices, je me suis approchée d'une forme de réalité et de simplicité. J'ai mis également mon imaginaire en veilleuse.
En me concentrant sur l'objet, et RIEN d'autre, j'ai gagné une liberté que je n'imaginais même pas.
Depuis, mes gestes ont gagnés en simplicité, mon expression artistique paraît également plus lisible.
Probablement que cette nouvelle approche m'a ouvert les yeux et l'esprit, je me suis rendue plus attentive et disponibles aux millions de détails du quotidien.

Banque Cantonale de Genève 1994
Ateliers portes ouvertes à Genève en 1995
La Primaire Genève Février 2006