ENRIQUE ETIEVAN: Le dessin réaliste fait illusion

ENRIQUE ETIEVAN: Le dessin réaliste fait illusion

Nicolas Sarazin | 02.10.2019 2 Minuten Lesezeit 0 Kommentare
 

Il y a à la fois du Magritte et du Vasarely chez Enrique Etievan: du premier, surréaliste belge, il retient une vision du monde parfois absurde mais souvent douce et poétique. Comme cet hôtel XVIIè, tout droit sorti de la place des Vosges qui se retrouve construit sur un rocher tout juste suffisant pour l’accueillir au milieu de l’océan. Ou ce bocal de poivrons en apesanteur dans le ciel parisien.

Mais il y a aussi un côté Vasarely, ce maître des figures géométriques, avec une même virtuosité dans ses rosaces ou ses quadrillages, une recherche évidente de la perfection des formes.

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Dans tous les cas, une technique hors pair au service d’oeuvres pleines d’imagination. L’artiste sait dessiner, mais aime confronter des détails réalistes figuratifs avec des éléments géométriques: la main sort d’une rosace, les sphères énigmatiques surplombent les vagues hyperréalistes de l’océan.

Né en 1972, cet artiste vénézuélien travaille sur des thèmes qu’il puisent à la fois dans son environnement, dans l’histoire de la peinture et dans un jeu avec les ouvertures qu’apporte la science contemporaine. Issu d’une famille d’artistes (père musicien, mère peintre naïve), il n’a aucun complexe à aborder des sujets en ayant recours à des techniques académiques extrêmement maîtrisées, mais au service d’une oeuvre où domine non le sens profond d’une scène, mais la confrontation de plusieurs univers.

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Depuis deux ou trois ans, il s’est lancé dans une série intitulée “The book of love project”: “C’est une série de dessins dont l’objectif principal est de montrer un moment dans la vie d’un sentiment. Pour ce faire, je m’appuie sur la comparaison entre un sentiment et une cellule. C’est comme la plus petite unité d’un organisme. Ils existent mais nous ne les voyons pas à l’œil nu, de la même manière que cela se produit avec des sentiments. En ce sens, chaque travail est fait pour que nous voyions un sentiment à travers un microscope”.

La série comprend de nombreuses oeuvres, certaines où l’infiniment petit et l’infiniment grand se rejoignent: la sphère se fait tantôt cellule, tantôt planète surplombant l’océan.

La série se continue par un travail spécifique pour lequel il a fait un appel à participations au grand public. “Bonjour à tous. Je vous invite à participer à la série de dessins The book of love project. Si vous êtes intéressé, envoyez-moi une photo de vos lèvres. Avec une particularité, quand vous prenez la photo: vous pensez à un être cher. Ceci est essentiel pour participer car la recherche est basée sur cela”.

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L’artiste redessine alors ces lèvres de manière extrêmement rigoureuses, en les intégrant ensuite dans des motifs géométriques, qui apportent une rigueur qui contrebalance la douceur du motif. Là encore, la juxtaposition des deux éléments crée une perplexité évidente chez celui qui regarde. Même le plus intime des sentiments peut répondre à des grilles d’analyse qui nous
dépassent.    Texte : A.D

VOIR LE TRAVAIL DE ENRIQUE ETIEVAN →

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