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Alain Lestie

Retour à la liste Ajouté le 15 mai 2007

crayon nero sur papier

...L’utilisation de crayons “Neros”, mélange de suies et d’argile, met en place des plages quasi -picturales, sorte d’imitation du peint qui définit des “œuvres sur papier” autonomes.
Projet particulier adapté à la feuille et au noir et blanc, contrecoup d’un monde bigarré, le papier tient en lui-même les propriétés inhérentes à l’image, à sa matérialité, entre fragilité et intimité, entre information et méditation, entre effacement et endurance, espace de sa complétude et de sa disparition. La monochromie oblige une instance supplémentaire dans l’échelle de l’imaginaire, quand privé des artifices picturaux, le simulacre n’illusionne plus mais atteste de l’illusion à la manière d’un écho. Rien, on le sait désormais, ne se récolte des procédés techniques, ni de l’immanence de matières.
...D’un référent-peinture perdu, les œuvres en retrouvent d’autres, et s’avancent en illustration d’un tableau imaginaire, dématérialisé (sans matière picturale), comme une sorte de photographie ou de reproduction, image d’image.
...D’où ce qui a pu être sur papier ne peut plus être peint, situant exactement la place du dessin: ni avant (préparatoire), ni autour (études), ni derrière (variantes) les peintures, il s’inscrit ensuite, tableau après les tableaux. L’image sur papier se figure elle-même et rend compte d’un état autre d’une même réflexion, d’une même situation, face à la même histoire. Travail de dérives, oublieux des techniques, sans autre devoir que celui de la valeur propre de son sens. Et à partir de ces nouvelles données va s’organiser un parcours de détachement de la figure, déprise de son récit, abandon de sa description. Sous cet effacement, littéralement exécuté à la gomme, sourd la structure de ce que fut l’image, retravaillée pour en dire l’empreinte au présent, l’essence de sa perte. Reste le commentaire d’un objet absent, hypothétique image, qui ne subsiste désormais plus que comme supposition, ultime résistance à son oubli.
Inclure la théorisation des moyens, leçon apprise de la modernité, renvoie le dérisoire de toute mise en œuvre espérant contourner la réalité d’une défaillance de la représentation comme mode de relation au monde.
Cet “après peinture” insiste infiniment sur le projet d’une réflexion à partir de la représentation, comme rupture de l’enfermement d’une pensée dans une pratique, en un détournement de toute définition technique. De ce constat, la situation critique implique la désobéissance à une histoire trop pré-vue, pour une possible dignité.


alain lestié

Artmajeur

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